20 octobre 2005
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2002, ou 2003, je sais plus trop...
Quelque chose ne va pas. Je le sens dans la première bouffée d’air que je respire – épaisse, lourde, comme chargée de restes de fumées. Mes yeux fixent la lune, pleine, entière, présence troublante au millieu de ce ciel trop sombre. Elle tremble un peu quand je la regarde, semble vouloir échapper à mon regard mais je ne la lâche pas – elle finit par se réfugier derrière un nuage et je continue à fixer sa lueur glauque, étouffée par le brouillard qui approche. Un soupir – petite vapeur qui se matérialise dans l’air glacial qui m’attaque le nez le front – je marche. Seul. Comme d’habitude. Mes promenades nocturnes sont mes rares moments privés – et je ne donne pas d’invitation. Le pont n’est pas éclairé, ce qui m’étonne brièvement mais me fait plaisir. Le murmure de l’eau. Je maudis l’idiot qui a trouvé cette formule. L’eau ne murmure pas, elle hurle à mort, son cours guidé par du béton, entravé par des pierres qu’elle use de sa force mais qu’elle ne réussit pas à briser. Chaque clapotis est une plainte que personne ne comprend. Je crois sincèrement être un des seuls qui ai jamais compris l’eau. En un sens, nous sommes plus proche l’un de l’autre que je ne l’ai été d’aucun homme.
Toujours fuir et se fondre dans la masse, ne jamais communiquer mais écouter. Voilà la vie de l’eau. Je ne m’étonne pas qu’elle ne veuille pas nous parler, avec toutes les absurdités qu’elle a dû entendre depuis des millénaires. Pourtant, elle est toujours là quand on a besoin d’elle, jamais la même bien sûr, mais toujours prête à accueillir les âmes ou les corps.
Au fond ce n’est qu’un vaste dépotoir.
Je ne lui parle pas. Je ne me jette pas dedans, même si son étreinte est la plus douce que je connaisse. Je reste là, à la regarder gémir, et je fais rien. Je ne ferais rien. La lune fragmentée réapparaît, brisée par ce miroir terrifiant de vérité – telle qu’elle est vraiment, un vampire de la nuit, un tueur d’étoile – je recule, son éclat est trop fort me force à revenir à la conscience. Je marche. Encore.
Eviter les ilôts de lumière, zigzaguer entre les pavés… Tout est bon pour ne pas penser. Se concentrer sur les détails simples absurdes ridicules de la rue – ne pas écouter ce cri qui monte – faire attention aux feux, aux voitures, aux passants je prends à gauche. Un bus qui passe, klaxonne, un scooter, un jeune en roller – ce n’est pas encore le bon soir. Ce soir encore je n’arrive à rien. Je vais retourner écouter l’eau. Il faut bien que quelqu’un le fasse, non ?
Les escaliers m’accueillent avec leur indifférence habituelle. Ils ne grincent même pas. Je leur en foutrai, moi, de l’indifférence. Je ne touche pas à la rampe. Bien fait. En silence je viole une fois de plus ma porte la referme et mon univers s’ouvre à moi. Lui non plus ne me comprends pas / je vais me coucher
Pourquoi ouvrir les stores ? Déjà trop de bruit dehors je veux être sourd… Mais la surdité me forcerait à m’écouter, à vivre seul avec moi, avec ce cri. J’allume une cigarette, me concentre sur le grésillement du tabac qui se consume, sur la braise qui approche doucement du filtre et qui ne me consumme jamais. Chacune d’elle est ma mort qui me rate – et se rapproche, toujours là mais trop loin. Je n’ai pas le droit de l’appeler, je n’ai pas le droit d’y céder, cet appel, ce chuintement qui m’inonde, gémissement qui tourne glisse entre mes doigts. Je ferme les yeux mais ne me rendors pas je ne céderais pas, par défi, par orgueil, par vanité, par lâcheté.
Un coup de fil, une soirée qui se dessine, j’aquiesce sachant que ce n’est qu’une façon de retarder ma confrontation, de pouvoir me concerter sur des détails inutiles – habits, réputation, inquiétude, même si la voix crie comme toujours sa complainte « il faudra bien qu’un jour ils sachent » mais je la fais taire. Aveugle, inconscient, comment font-ils pour ne pas le voir ? Comment font-ils pour ne pas me forcer à m’exprimer, me secouer, violer ce sanctuaire dans ma tête, saint des saints tellement sacré que moi-même je n’y entre pas ? Une fois seulement il a débordé, vaincu mes barrières, et est sorti pour me noyer, m’emporter dans son flot mais là encore tout ce qui a jaillit de moi, c’étaient des larmes, les vraies, coulées d’acide qui dévastent le visage le corps et laissent pour toute trace de leur passages des sourires inquiets, vaguement compatissant et au fond cette inquiétude qu’est-ce que j’ai dit fait éructé ?
J’avais réussi à le maitriser, ce torrent, à le contenir dans l’espace de mon esprit, et seuls quelques clapotis dans le regard la parole trahissait sa présence, sporadiquement, et moi seul les remarquais au début, avant que je ne crois qu’ils soient part de mon extérieur. Mais il a fallu que tu cèdes, toi, trahissant le serment qu’on s’était fait, un soir, apogée d’une prise de conscience commune de notre dégradation, la cigarette a finit par te mettre feu, et tu t’es consumée, seule finalement…
Je t’en veux beaucoup. Pourquoi avoir voulu de moi comme spectateur de cette scène ? Peut-être ne voulais-tu pas me trahir, juste me prévenir, ça je crois l’avoir compris, mais pourquoi m’avoir fait espérer ? Si c’est un cadeau d’adieu, alors je le trouve de mauvais goût. Veux-tu que je te rejoigne ? Pour ne pas être seule là non plus ? Je l’avais compris quand toi tu avais raté. Je te l’avais dit, non ? Alors pourquoi le refaire ? Pourtant tu y étais arrivé, à le maitriser, ton torrent que tu n’appelais pas, par coquetterie étrange ou par peur, j’ai toujours trouvé ça un peu ridicule, mais tu le sais, je te l’ai déjà dit.
Je sais très bien pourquoi tu as voulu que j’écoute cette chanson.
Mais tu m’as réveillé, pour le pire et le meilleur, suivant cette formule consacrée que j’ai toujours trouvée insupportable.
Je ne te rejoindrai pas. Pas maintenant – je ne veux pas perdre je veux mener gagner ce combat et tu n’arriveras pas a me faire abandonner.
Cette soirée est une bouffée d’oxygène, une bulle de savon qui étrangement résiste aux nombreuses attaques que mon serpent lui porte. Cette présence autour de moi cette micro-société dont je ne suis pas le centre – et tant mieux - mais dont je fais partie, intégralement, me permet de voir de me voir autrement, de réaliser une fois de plus à quel point ils me sont essentiels ils auront beau dire et beau faire ils font partie de moi et même s’ils ne s’en rendent pas forcément compte, j’ai besoin d’eux plus qu’ils ne pourraient jamais l’imaginer. Profitez-en, je fais rarement des déclarations d’amour…
Une fois encore je me retrouve à marcher, évitant les ilôts de lumière qui me poursuivent ce soir.
Quelque chose ne va pas. Je le sens dans la première bouffée d’air que je respire – épaisse, lourde, comme chargée de restes de fumées. Mes yeux fixent la lune, pleine, entière, présence troublante au millieu de ce ciel trop sombre. Elle tremble un peu quand je la regarde, semble vouloir échapper à mon regard mais je ne la lâche pas – elle finit par se réfugier derrière un nuage et je continue à fixer sa lueur glauque, étouffée par le brouillard qui approche. Un soupir – petite vapeur qui se matérialise dans l’air glacial qui m’attaque le nez le front – je marche. Seul. Comme d’habitude. Mes promenades nocturnes sont mes rares moments privés – et je ne donne pas d’invitation. Le pont n’est pas éclairé, ce qui m’étonne brièvement mais me fait plaisir. Le murmure de l’eau. Je maudis l’idiot qui a trouvé cette formule. L’eau ne murmure pas, elle hurle à mort, son cours guidé par du béton, entravé par des pierres qu’elle use de sa force mais qu’elle ne réussit pas à briser. Chaque clapotis est une plainte que personne ne comprend. Je crois sincèrement être un des seuls qui ai jamais compris l’eau. En un sens, nous sommes plus proche l’un de l’autre que je ne l’ai été d’aucun homme.
Toujours fuir et se fondre dans la masse, ne jamais communiquer mais écouter. Voilà la vie de l’eau. Je ne m’étonne pas qu’elle ne veuille pas nous parler, avec toutes les absurdités qu’elle a dû entendre depuis des millénaires. Pourtant, elle est toujours là quand on a besoin d’elle, jamais la même bien sûr, mais toujours prête à accueillir les âmes ou les corps.
Au fond ce n’est qu’un vaste dépotoir.
Je ne lui parle pas. Je ne me jette pas dedans, même si son étreinte est la plus douce que je connaisse. Je reste là, à la regarder gémir, et je fais rien. Je ne ferais rien. La lune fragmentée réapparaît, brisée par ce miroir terrifiant de vérité – telle qu’elle est vraiment, un vampire de la nuit, un tueur d’étoile – je recule, son éclat est trop fort me force à revenir à la conscience. Je marche. Encore.
Eviter les ilôts de lumière, zigzaguer entre les pavés… Tout est bon pour ne pas penser. Se concentrer sur les détails simples absurdes ridicules de la rue – ne pas écouter ce cri qui monte – faire attention aux feux, aux voitures, aux passants je prends à gauche. Un bus qui passe, klaxonne, un scooter, un jeune en roller – ce n’est pas encore le bon soir. Ce soir encore je n’arrive à rien. Je vais retourner écouter l’eau. Il faut bien que quelqu’un le fasse, non ?
Les escaliers m’accueillent avec leur indifférence habituelle. Ils ne grincent même pas. Je leur en foutrai, moi, de l’indifférence. Je ne touche pas à la rampe. Bien fait. En silence je viole une fois de plus ma porte la referme et mon univers s’ouvre à moi. Lui non plus ne me comprends pas / je vais me coucher
Pourquoi ouvrir les stores ? Déjà trop de bruit dehors je veux être sourd… Mais la surdité me forcerait à m’écouter, à vivre seul avec moi, avec ce cri. J’allume une cigarette, me concentre sur le grésillement du tabac qui se consume, sur la braise qui approche doucement du filtre et qui ne me consumme jamais. Chacune d’elle est ma mort qui me rate – et se rapproche, toujours là mais trop loin. Je n’ai pas le droit de l’appeler, je n’ai pas le droit d’y céder, cet appel, ce chuintement qui m’inonde, gémissement qui tourne glisse entre mes doigts. Je ferme les yeux mais ne me rendors pas je ne céderais pas, par défi, par orgueil, par vanité, par lâcheté.
Un coup de fil, une soirée qui se dessine, j’aquiesce sachant que ce n’est qu’une façon de retarder ma confrontation, de pouvoir me concerter sur des détails inutiles – habits, réputation, inquiétude, même si la voix crie comme toujours sa complainte « il faudra bien qu’un jour ils sachent » mais je la fais taire. Aveugle, inconscient, comment font-ils pour ne pas le voir ? Comment font-ils pour ne pas me forcer à m’exprimer, me secouer, violer ce sanctuaire dans ma tête, saint des saints tellement sacré que moi-même je n’y entre pas ? Une fois seulement il a débordé, vaincu mes barrières, et est sorti pour me noyer, m’emporter dans son flot mais là encore tout ce qui a jaillit de moi, c’étaient des larmes, les vraies, coulées d’acide qui dévastent le visage le corps et laissent pour toute trace de leur passages des sourires inquiets, vaguement compatissant et au fond cette inquiétude qu’est-ce que j’ai dit fait éructé ?
J’avais réussi à le maitriser, ce torrent, à le contenir dans l’espace de mon esprit, et seuls quelques clapotis dans le regard la parole trahissait sa présence, sporadiquement, et moi seul les remarquais au début, avant que je ne crois qu’ils soient part de mon extérieur. Mais il a fallu que tu cèdes, toi, trahissant le serment qu’on s’était fait, un soir, apogée d’une prise de conscience commune de notre dégradation, la cigarette a finit par te mettre feu, et tu t’es consumée, seule finalement…
Je t’en veux beaucoup. Pourquoi avoir voulu de moi comme spectateur de cette scène ? Peut-être ne voulais-tu pas me trahir, juste me prévenir, ça je crois l’avoir compris, mais pourquoi m’avoir fait espérer ? Si c’est un cadeau d’adieu, alors je le trouve de mauvais goût. Veux-tu que je te rejoigne ? Pour ne pas être seule là non plus ? Je l’avais compris quand toi tu avais raté. Je te l’avais dit, non ? Alors pourquoi le refaire ? Pourtant tu y étais arrivé, à le maitriser, ton torrent que tu n’appelais pas, par coquetterie étrange ou par peur, j’ai toujours trouvé ça un peu ridicule, mais tu le sais, je te l’ai déjà dit.
Je sais très bien pourquoi tu as voulu que j’écoute cette chanson.
Mais tu m’as réveillé, pour le pire et le meilleur, suivant cette formule consacrée que j’ai toujours trouvée insupportable.
Je ne te rejoindrai pas. Pas maintenant – je ne veux pas perdre je veux mener gagner ce combat et tu n’arriveras pas a me faire abandonner.
Cette soirée est une bouffée d’oxygène, une bulle de savon qui étrangement résiste aux nombreuses attaques que mon serpent lui porte. Cette présence autour de moi cette micro-société dont je ne suis pas le centre – et tant mieux - mais dont je fais partie, intégralement, me permet de voir de me voir autrement, de réaliser une fois de plus à quel point ils me sont essentiels ils auront beau dire et beau faire ils font partie de moi et même s’ils ne s’en rendent pas forcément compte, j’ai besoin d’eux plus qu’ils ne pourraient jamais l’imaginer. Profitez-en, je fais rarement des déclarations d’amour…
Une fois encore je me retrouve à marcher, évitant les ilôts de lumière qui me poursuivent ce soir.