Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

L'auteur, le blog


Un blog, c'est fait pour parler de tout et de rien. Alors il y aura du rien (beaucoup), de tout (parfois), du n'importe quoi (un peu trop souvent), et surtout... des mots.


Petit guide... Le cinéma, c'est un film par semaine, sorti et qui n'a pas attiré l'attention qu'il mérite ! L'actu, c'est l'actu, un peu de tout dessus... Et des nouvelles, pour le plaisir.

Parce que c'est bien pratique:


Site search powered by FreeFind

Amis errants, bienvenue ! Habitués de la maison, heureux de vous revoir.
Faites comme chez vous, et n'hésitez  pas à revenir...
Je tiens à m'excuser pour le manque de renouvellement de ce blog. Un emploi du temps entre vacances et début d'un nouveau travail, bref, je n'ai presque pas mis les pieds au ciné depuis une éternité !
Mais bon, le tout est de prendre le rythme, et j'espère que dans peu de temps je pourrais recommencer à tenir la boutique. D'ici là, je vous demande un peu de patience...

Archives

Press Book

Vous pouvez le télécharger sous forme de pdf (800 Ko en moyenne)

L'Echo - le Régional
Articles  Dossier transports

France Soir
Partie  1  2  Enquête Rer D

La Vie Financière
Partie  1  2

La Croix
articles
 
La Vie Immobilière
En construction
20 octobre 2005 4 20 /10 /octobre /2005 23:17

Ego

2002, ou 2003, je sais plus trop...

Quelque chose ne va pas. Je le sens dans la première bouffée d’air que je respire – épaisse, lourde, comme chargée de restes de fumées. Mes yeux fixent la lune, pleine, entière, présence troublante au millieu de ce ciel trop sombre. Elle tremble un peu quand je la regarde, semble vouloir échapper à mon regard mais je ne la lâche pas – elle finit par se réfugier derrière un nuage et je continue à fixer sa lueur glauque, étouffée par le brouillard qui approche. Un soupir – petite vapeur qui se matérialise dans l’air glacial qui m’attaque le nez le front – je marche. Seul. Comme d’habitude. Mes promenades nocturnes sont mes rares moments privés – et je ne donne pas d’invitation. Le pont n’est pas éclairé, ce qui m’étonne brièvement mais me fait plaisir. Le murmure de l’eau. Je maudis l’idiot qui a trouvé cette formule. L’eau ne murmure pas, elle hurle à mort, son cours guidé par du béton, entravé par des pierres qu’elle use de sa force mais qu’elle ne réussit pas à briser. Chaque clapotis est une plainte que personne ne comprend. Je crois sincèrement être un des seuls qui ai jamais compris l’eau. En un sens, nous sommes plus proche l’un de l’autre que je ne l’ai été d’aucun homme.


Toujours fuir et se fondre dans la masse, ne jamais communiquer mais écouter. Voilà la vie de l’eau. Je ne m’étonne pas qu’elle ne veuille pas nous parler, avec toutes les absurdités qu’elle a dû entendre depuis des millénaires. Pourtant, elle est toujours là quand on a besoin d’elle, jamais la même bien sûr, mais toujours prête à accueillir les âmes ou les corps.

Au fond ce n’est qu’un vaste dépotoir.


Je ne lui parle pas. Je ne me jette pas dedans, même si son étreinte est la plus douce que je connaisse. Je reste là, à la regarder gémir, et je fais rien. Je ne ferais rien. La lune fragmentée réapparaît, brisée par ce miroir terrifiant de vérité – telle qu’elle est vraiment, un vampire de la nuit, un tueur d’étoile – je recule, son éclat est trop fort me force à revenir à la conscience. Je marche. Encore.

Eviter les ilôts de lumière, zigzaguer entre les pavés… Tout est bon pour ne pas penser. Se concentrer sur les détails simples absurdes ridicules de la rue – ne pas écouter ce cri qui monte – faire attention aux feux, aux voitures, aux passants je prends à gauche. Un bus qui passe, klaxonne, un scooter, un jeune en roller – ce n’est pas encore le bon soir. Ce soir encore je n’arrive à rien. Je vais retourner écouter l’eau. Il faut bien que quelqu’un le fasse, non ?

Les escaliers m’accueillent avec leur indifférence habituelle. Ils ne grincent même pas. Je leur en foutrai, moi, de l’indifférence. Je ne touche pas à la rampe. Bien fait. En silence je viole une fois de plus ma porte la referme et mon univers s’ouvre à moi. Lui non plus ne me comprends pas / je vais me coucher


Pourquoi ouvrir les stores ? Déjà trop de bruit dehors je veux être sourd… Mais la surdité me forcerait à m’écouter, à vivre seul avec moi, avec ce cri. J’allume une cigarette, me concentre sur le grésillement du tabac qui se consume, sur la braise qui approche doucement du filtre et qui ne me consumme jamais. Chacune d’elle est ma mort qui me rate – et se rapproche, toujours là mais trop loin. Je n’ai pas le droit de l’appeler, je n’ai pas le droit d’y céder, cet appel, ce chuintement qui m’inonde, gémissement qui tourne glisse entre mes doigts. Je ferme les yeux mais ne me rendors pas je ne céderais pas, par défi, par orgueil, par vanité, par lâcheté.

Un coup de fil, une soirée qui se dessine, j’aquiesce sachant que ce n’est qu’une façon de retarder ma confrontation, de pouvoir me concerter sur des détails inutiles – habits, réputation, inquiétude, même si la voix crie comme toujours sa complainte « il faudra bien qu’un jour ils sachent » mais je la fais taire. Aveugle, inconscient, comment font-ils pour ne pas le voir ? Comment font-ils pour ne pas me forcer à m’exprimer, me secouer, violer ce sanctuaire dans ma tête, saint des saints tellement sacré que moi-même je n’y entre pas ? Une fois seulement il a débordé, vaincu mes barrières, et est sorti pour me noyer, m’emporter dans son flot mais là encore tout ce qui a jaillit de moi, c’étaient des larmes, les vraies, coulées d’acide qui dévastent le visage le corps et laissent pour toute trace de leur passages des sourires inquiets, vaguement compatissant et au fond cette inquiétude qu’est-ce que j’ai dit fait éructé ?

J’avais réussi à le maitriser, ce torrent, à le contenir dans l’espace de mon esprit, et seuls quelques clapotis dans le regard la parole trahissait sa présence, sporadiquement, et moi seul les remarquais au début, avant que je ne crois qu’ils soient part de mon extérieur. Mais il a fallu que tu cèdes, toi, trahissant le serment qu’on s’était fait, un soir, apogée d’une prise de conscience commune de notre dégradation, la cigarette a finit par te mettre feu, et tu t’es consumée, seule finalement…
Je t’en veux beaucoup. Pourquoi avoir voulu de moi comme spectateur de cette scène ? Peut-être ne voulais-tu pas me trahir, juste me prévenir, ça je crois l’avoir compris, mais pourquoi m’avoir fait espérer ? Si c’est un cadeau d’adieu, alors je le trouve de mauvais goût. Veux-tu que je te rejoigne ? Pour ne pas être seule là non plus ? Je l’avais compris quand toi tu avais raté. Je te l’avais dit, non ? Alors pourquoi le refaire ? Pourtant tu y étais arrivé, à le maitriser, ton torrent que tu n’appelais pas, par coquetterie étrange ou par peur, j’ai toujours trouvé ça un peu ridicule, mais tu le sais, je te l’ai déjà dit.
Je sais très bien pourquoi tu as voulu que j’écoute cette chanson.

Mais tu m’as réveillé, pour le pire et le meilleur, suivant cette formule consacrée que j’ai toujours trouvée insupportable.
Je ne te rejoindrai pas. Pas maintenant – je ne veux pas perdre je veux mener gagner ce combat et tu n’arriveras pas a me faire abandonner.

Cette soirée est une bouffée d’oxygène, une bulle de savon qui étrangement résiste aux nombreuses attaques que mon serpent lui porte. Cette présence autour de moi cette micro-société dont je ne suis pas le centre – et tant mieux - mais dont je fais partie, intégralement, me permet de voir de me voir autrement, de réaliser une fois de plus à quel point ils me sont essentiels ils auront beau dire et beau faire ils font partie de moi et même s’ils ne s’en rendent pas forcément compte, j’ai besoin d’eux plus qu’ils ne pourraient jamais l’imaginer. Profitez-en, je fais rarement des déclarations d’amour…


Une fois encore je me retrouve à marcher, évitant les ilôts de lumière qui me poursuivent ce soir.
Partager cet article
Repost0
20 octobre 2005 4 20 /10 /octobre /2005 22:06
1996, voire antérieur.

Un silence. Moi, allongé sur le lit, essayant de trouver le sommeil – ne dormant que cinq heures par nuit, il vaut mieux que je m’endormes vite.

    Un cri, un choc. Je me relève brusquement, cours à la fenêtre – j’essaie de l’ouvrir, mais comme elle est bloquée, je la brise à coup de chaise. Je me penche au-dehors, la brise caresse mon cou doucement. Je grelotte ; le silence est revenu. Juste au moment où je vais regagner mon lit, le même cri revient, plus intense. Cette fois-ci, je vois. Je vois tout. Je vois l’oreiller, le sommier, le matelas, les draps. Tout tombe, se défait. Poussé du 120e étage, la chute ne sera pas longue. Pour moi en tout cas.
    La vieille femme me jette un coup d’œil – ou , du moins, je l’imagine. Comment pourrait-elle penser à me regarder ? Elle doit penser au sol, qui s’approche à grand pas. La vitesse de chute n’est pas constante, c’est une accélération. Elle ne s’en rend probablement pas compte, mais elle vit une demi-seconde d’apesanteur et pourtant elle crie. Ses petites mains ridées et fripées, sous l’injonction de son cerveau fou, broient la couverture, alors que ses yeux semblent vouloir sortir de leurs orbites. Elle arrive en bas. Elle continue à crier. Elle peut encore hurler. Une commode tombe, l’écrase. Elle est achevée. Enfin.
    Je me demande combien d’autres vont tomber cette nuit. 120e étage. Elle a de la chance. J’en ai vu tomber de bien plus bas.
    Il faudra que je rappelle un vitrier. J’ai encore pété ma vitre. Quoique, ce n’est pas la peine. Mon anniversaire est dans deux jours, le prochain locataire paiera.

    Je comprends pourquoi ma fenêtre était bloquée.
Partager cet article
Repost0
20 octobre 2005 4 20 /10 /octobre /2005 22:05
1997, je crois. Et, croyez-le ou non, je pensais à une vache dans un abattoir.

Une explosion, tout près. Mon visage qui s’éclabousse. Je suis trop près, trop près. Combien encore ? Je ne vois rien. Je sens un liquide gluant adhérer à ma peau, souiller le tissu, s’infiltrer dans ma bouche, dans mes oreilles. Je hurle, espérant être entendu dans le vacarme ambiant, pour demander qu’on me jette un seau d’eau sur la tête. Je dois être entendu ; un silence de mort s’établit. Puis la voix, lancinante, recommence à hurler, la même voix qui, tout à l’heure, telle un disque enrayé, vociférait toujours les mêmes mots, cette voix gerbe à mon  oreille des paroles emmêlées que je ne comprend qu’au quart. « Tou … fa … ien … outr … ope … v … Etem … i … te … à vi … » Confusément je perçois que ma requête à été refusée. Puis une deuxième explosion, la vacarme a repris. Cette fois il n’y a pas que du liquide qui tombe sur moi. Je dois être le prochain. Je suis le prochain. Tant de choses … Ils essayent d’arracher le bandeau mais le sang l’a collé à ma peau. Je n’entends plus rien ; de toute façon, je n’ai pas envie d’entendre. Pas les borborygmes informes produits par la voix. Une détonation, étouffée, celle-ci. Je ne sais pas si je l’entends, à vrai dire ; tous les bruits disparaissent, il ne reste plus que le silence.

    En bas ils essayent encore d’arracher le bandeau.
Partager cet article
Repost0
20 octobre 2005 4 20 /10 /octobre /2005 22:03
1998 ? 1999 ?

    Une femme, dans la rue – oh, rien de très fascinant, mais il en faut peu – un peu grosse, un peu lourde, mal fagotée, mal habillée, comme un tas de chiffon, dans la cuisine, près d’un placard d’où déborde le linge sale – odeur putride de crasse, de sueur, d’athlète ayant couru dans la poussière, haletant, bête de course aux muscles quasi-félins, prêt à bondir alors même que l’effort a été fait, félin en chasse, en éveil tous ses sens en alerte, famélique, affamé puis le sursaut d’adrénaline la proie qui crie le chasseur qui saute dessus je la prends l’entraîne dans une porte cochère pantelante non résignée elle se débat le fauve plante ses crocs dans son cou lame qui glisse son regard s’éteint alors que le sang sort par à-coups de sa blessure mortelle mais subsiste l’incompréhension la douleur la vie qui défile ses petits sa famille seuls maintenant puis l’abandon de ce qui n’est plus qu’une carcasse aux charognards alors que repus il s’en va déjà en quête de son autre proie mais il est plus lent calmé, ses sens relâchés alors que la mort s’approche par derrière trop tard il perçoit les hurlements sirènes stridentes il court mais il est alourdi par sa volupté si fraîche irrémédiablement rattrapé il se défend sort ses griffes mais il est seul désemparé victime de son autre lui de ce qu’il était écrasé sous la meute immobilisé les menottes et je
Partager cet article
Repost0
20 octobre 2005 4 20 /10 /octobre /2005 22:01
1996

La vraie idole, la seule capable

Son regard vide se dirigea vers
Et ce silence de tombe l’étouffait
Son bureau – vide
Repérait toutefois
Dans son absolu désespoir
L’oppressait
L’ennui le gagnait
De la vapeur qui se condense
Se cristalliser autour de son âme
L’absurde
De désespoir semblait telle
L’ennui
Une feuille – vierge
Le spectacle morne et désolé
Ce néant
De vaincre la raison
Sur laquelle
Et se retourna
Etreignant
Cette impression diffuse
Il soupire
Partager cet article
Repost0
20 octobre 2005 4 20 /10 /octobre /2005 01:20

Rim

1999

Je marche, seule, dans la rue, laissant mon regard errer et mes pieds me porter où bon leur semble. Les grands immeubles solitaires, froids, me contemplent désapprobateurs et envieux passer à leurs pieds et le poids de leur dédain se veut accablant. Mais je marche toujours .

    Inconnus qui me jettent des coups d’œil rapides Inconnus qui se retournent parfois Inconnus qui ne m’abordent pas. Rien ni personne ne semble pouvoir m’arrêter, ni surtout ne veut. Je suis fantôme parmi les ombres, et mon spectre dans les vitrines glacé de temps à autre me regarde Bruits qui me frappent par leur absence – je suis sourde à tout ce qui ne m’est pas, je suis part de cette foule qui toujours passe et ne fais chaque jour rien d’autre – un manège de petits chevaux qui jamais ne s’arrête – Seule la voix de mon voisin de mon compagnon de marche me tient vivante éveil hypnotique – Sa frange lui retombe sur le front sur le côté de son visage et me cache ses yeux mais je les sais mouvants attentifs cueillant çà et là ces petits bouts de non-vie qu’il magnifie et me décrit. Je m’accroche à cette voix à ce lien ténu et fragile vapeur dans l’air s’envole glacée petit nuage de rien m’accroche à mon ange mon guide, pipe au vent, sur le pavé en viande saignante des étals des bouchers assassins. Avec lui mon âme mon être s’anime m’enflamme et ses mots encore ses mots toujours
    Je marche seule, dans la rue, et mes regards toujours passent et ne ne fixent rien.
Partager cet article
Repost0
20 octobre 2005 4 20 /10 /octobre /2005 01:19
1995

Un matin ; 5 heure. Mes talons – ferrés, j’y avais mis le prix – qui claquent sur le pavé. Je pense à là-bas. Je passe devant un homme, allongé par terre. Je ne fais que l’entr’apercevoir. De toute façon, je ne cherche pas à le faire. En fait, je ne le remarque que parce que ma canne a heurté son pied. J’oublie l’incident en une demi-seconde. Je pense toujours à là-bas. Non que cela m’obsède, mais cette plage fait partie de moi. Je me revois, là-bas. Je porte – bizarrement – la même tenu qu’aujourd’hui ; sauf que mes talons ne claquent pas. Ma canne – ah non ; je n’en ai pas. Il fait sombre ; je grelotte. La plage est vide – du moins, je le crois.

    J’interromps ma rêverie le temps d’ouvrir la porte. Mais dès que le bouton de l’ascenseur s’illumine au contact de mon doigt, je replonge. J’avance d’un pas mal assuré. Le bruit de vent remplit mes oreilles. Dans le couloir, le ventilateur marche. Je trébuche contre un pied ; peut-être quelqu’un de plus misérable encore que moi. J’entrouvre ma porte. Il grommelle, me jette un bref regard, puis une couverture. Je pousse le battant, le referme ; reconnaissant, je me couche dans le sable et me recouvre de ce don inattendu mais espéré. J’enlève mon manteau ; je me réchauffe. Perclu de courbatures, je me regarde dans le miroir richement décoré. J ’ai tout perdu.
    Ai-je vraiment envie de tout regagner ?
Partager cet article
Repost0
20 octobre 2005 4 20 /10 /octobre /2005 01:18
1993, voire antérieur...

Soudain – comme cela lui arrivait souvent – il s’arrêta dans son activité nocturne, brusquement, laquelle consistait la plupart du temps à aller dans sa cuisine se prendre un somnifère – inefficace par ailleurs. Sans raisons apparentes, il stoppa, à mi-chemin de son lit et de la porte, son bras, tel un coucou sortant d’une horloge suisse déréglée, paraissait bondir hors de la poutrelle métallique de son corps. Sa main  - si tant est qu’un terme biologique puisse s’appliquer à ce grappin blanchâtre qui grinçait – referma ses cinq appendices extrêmes autour d’un boîtier noir. Son index, dans un mouvement grippé quasi-audible, alla péniblement appuyer contre un bouton déjà usé par des attouchements répétés. Alors, dans un doux feulement, avec un mouvement coulé, la chaîne s’alluma et sortit son tiroir à CDs. Elle dissipait une douce chaleur ; ses formes arrondies attiraient les regards. Il grinça de nouveau, et dans un mouvement saccadé ponctué de légers gémissements qui résonnaient dans le coffre de sa poitrine, il prit un disque irisé, créant des centaines d’éphémères arcs-en-ciel qui semblèrent l’effrayer. Une dernière rotation amena la pince au-dessus du support à disques. Avec un doux ronronnement de plaisir, l’appareil avala sa pitance. Criant comme l’acier blessé à mort, il retomba sur le lit en écrasant les ressorts qui soupirèrent doucement. Il appuya une dernière fois sur un bouton puis déverrouilla son emprise sur la télécommande, qui s’écroula à terre sans un son. Et lentement éclata dans la pièce l’Ouverture Au Soleil, éclaboussant les murs de ses notes colorées. Il ne ferma pas les yeux, mais écoutait. Il ne bougeait plus.

    A travers le plafond, à travers son regard, des images tombaient en tourbillon sur son esprit vide. Il voyait une cascade de sons se déverser en trombe ruisselantes sur un pré pictural. Un soleil dansait dans le ciel, dissipant le grisâtre spirituel qui jusqu’à présent régnait en maître sur son subconscient. Un voile se déchirait, et il se voyait, sautillant – dansant en cadence, avec souplesse et grâce, formant un couple de lumière avec l’astre éblouissant. Dans l’éther, suivant les circonvolutions hélicoïdales de la ronde des danseurs, des nuages roses se contractaient en rythme. Et le musique, sans état d’âme, répandait ses harmonies de joie et de béatitude dans le vase clos de ce nouveau monde, transcendance révélée de l’ancien.
    Il était enfin libre, débarrassé de cette chape d’acier qui l‘étouffait. Sans aucune pensées pour ses propres souffrances, anesthésiées semble-t-il par la divinité de cet air, il bondissait maintenant, cherchant à tenir entre ses bras sa céleste compagne. Suivant l’envolée du fleuve musical, sautant de roches, petits sons aigus qui ponctuaient régulièrement la plénitude de l’hymne, en rochers, il remontait maintenant la cascade, les yeux tournés vers le ciel non plus bleu d’azur mais bleu de deuil. L’envoûtante mélodie l’entourait maintenant. Il était fortement tenté de s’y noyer, de fusionner avec ce flot en une osmose qu’il savait devoir être complète et parfaite. Mais le lumignon bondissant focalisait toutes ses pensées sur la réunion du couple. Il s’arrêta sur une note plus longue que les autres, dominant le chemin parcouru. D’ici il pouvait enfin voir la prairie qu’il avait quitté. Le vent jouait dans les herbes et les branches des arbres, ajoutant un sourd bruissement qui semblait porter les gouttes de musique au-delà de leur extinction – dans sa mémoire. Il souriait. Il reprit dans son ascension.
    Le soleil était maintenant tout près et semblait lui sourire. Il tendit les mains, obnubilé par cette lumière aveuglante. Il ne vit pas alors qu’il allait enfin toucher son partenaire que le courant harmonique qui l’avait porté jusque-là s’était tari. Son pied ne pris pas appui, ses bras battirent l’air avec d’affreux grincements. Il fit une chute vertigineuse dans l’abîme de son propre ennui. L’univers lumineux s’écroulait, décor d’un théâtre en ruine privé de son support. Le gris revenait.
    Sur la commode la chaîne rouvrait sa gueule avec un ronronnement de plaisir. Elle souriait. Le disque irisé gardait à présent ses couleurs. Le lit ne gémissait plus.
Partager cet article
Repost0
19 octobre 2005 3 19 /10 /octobre /2005 01:25
1998

Quand Satan disait qu’il allait accélérer le cours des choses, il n’exagérait pas le moins du monde. (Le plus non plus.) Rendez-vous compte : le petit Jean avait à peine eu le temps de naître que ce petit Malin était déjà adulte, plus Charlton Heston que jamais, en train de gravir les marches du palais de César Auguste à Rome. Il avait dans l’idée de ne pas faciliter les choses à Jésus (faut bien rigoler un brin dans l’existence.) Du coup, obséquieux, il arriva près de l’Empereur et commença à lui susurrer des choses à l’oreille. Et pour vous rassurer, je vais vous rapporter la teneur de la conversation parce que sinon on va encore croire des bêtises qu’elles sont même pas vraies. Enfin bon.

"Salut Auguste ! commença le jovial Belzébuth.
- Pardon ? Qui êtes-vous pour oser…??
- Ben Hur. (Ca tape, non ?)
- Je ne vous connais pas !
- Mais si, voyons, la course de char, là, les galères et tout et tout !! Hein ? Non ? Bon, pas grave, on s’en fout. Bon, pépé, j’ai un truc à te proposer."
(Auguste à ce stade avait dépassé les bornes de la simple indignation pour commencer à atteindre le stade de l’énervement vif. Cela se manifestait entre autre par un visage légèrement congestionné, mais si peu, un strabisme convergent qui s’accentuait, une couronne de laurier qui tremblait, bref, un peu comme le Pinatubo avant son éruption. Satan, en bon petit fiston à son Papa qu’il était, n’avait pas manqué de remarquer ces petits détails annonciateurs – encore ? – d’une catastrophe et donc déploya toutes ses ruses diabolique.)
Satan, suite au explication que je viens brièvement de donner (pour plus de détails, voir 'Pourquoi les empereurs romains étaient tous des pédés', de Em’Papaouté Inzeplacard (un pseudonyme, probablement), ouvrage de référence écrit par un illustre inconnu, trop modeste sans doute pour pouvoir supporter de voir son génie étalé au grand jour), décida de frapper un grand coup et donc prit une voix de fausset :
- (voix de fausset) Oui, car en fait je suis Vénus, déesse de l’amour !!
Face au regard catastrophé de César, Satan dû se résoudre à se transformer en Vénus. Il le fit certes avec un talent indéniable et une maestria époustouflante, mais ce fut une erreur. Il n’avait en effet pas achevé sa besogne qu’Auguste, poussant un râle d’extase, se levait de son trône les bras tendus dans une tentative de peloter la déesse, qui elle – enfin lui – ne l’entendait pas de cette oreille, mais de l’autre (désolé) et lui fit un clef de bras. Profitant des quelques instants d’immobilisation forcé du gugusse, il-elle lui glissa à l’oreille :
"Recense la population dans tout ton empire, histoire de voir si ça fornique bien partout " , sussurra la fausse Vénus (en tant que préposée aux activités pré-grossesses du Panthéon, ça rentrait tout à fait dans le cadre de ses activités.)
    Satan qui n’avait pas cessé de scruter le visage porcin de son interlocuteur y vit deux choses :
1. Il avait fait passer le message et le recensement aurait lieu ;
2. Les petits yeux ternes de la truie s’étaient rallumés subitement à la simple mention du mot « forniquer ».
    Jugeant plus prudent et plus sage de battre en retraite rapidement, le Diable (Il Diavoli, enfin bref, on peut la faire polyglotte si vous voulez) adopta la tactique dite de « l’immobilisation du violeur potentiel », qui consistait en gros à décocher un énorme coup de pied dans les couilles de l’adversaire (lequel ne s’en remit d’ailleurs pas, ce qui suivant Em’Papaouté Inzeplacard expliquerait justement le fait que tous les empereurs romains sont des pédés. Mais ce n’est pas mon sujet.)

    Toujours est-il que le lendemain, ou à-peu-près, paru l’édit de recensement, ce qui fait que chacun devait se rendre dans sa ville natale, avec armes et bagages (les épouses devant êtres comprises dans le lot. Pour le classement, arme ou bagage, c’est à vous de voir.) Joseph, comme tous les péquenots de la Galilée inférieure, se retrouva la tête dans les nuages – soucieux de son avenir et de celui de sa gentille voisine – et le cul sur un âne, ce qui manque foncièrement de confort, quand on y pense. Marie, quand à elle, allait sur le baudet, parce que ça fait plus con.
    Jésus, dans son ventre, avait le mal de mer, et du coup, estimant être arrivé à terme et pour d’autre raisons, voulait sortir dans ces eaux-là.

    Ce qui fait que lorsqu’à l’hôtel on les eû foutu dehors sous le prétexte si ingénieux et tellement original que toutes les chambres étaient prises (aujourd’hui, on est plus direct, on te dit tout de suite que 1 t’as pas assez de fric et 2 t’as vu un peu dans quoi tu débarques ? C’est pas un hôtel de merde ici non mais sans blague), nos gentils n-héros n’eurent d’autre choix que de s’installer dans un étable, avec leur âne, leur baudet, et en plus la compagnie affectueuse d’un cochon assez gras et bruyant – je n’ose même pas évoquer l’odeur, de quelques moutons qui passaient dans le coin, et d’un bœuf relativement placide qui semblait très perturbé en voyant son petit univers être ainsi envahi par une telle foule – pour tout dire, il commençait à confondre sa mangeoire avec le dos des moutons et commençait à raser soigneusement ceux-ci sous le regard étonné de Joseph (Marie s’en fout, elle accouche.) ce qui évidemment ne faisait qu’amplifier le trouble de ce pauvre animal, qui ne sachant plus où se mettre, finit par enculer le cochon, qui n’en demandait pas tant.
    Se détournant de ce navrant spectacle, Joseph ne put que constater : il était Papa. Une larme d’émotion perla au coin de ses yeux, alors que Marie, doucement, emmaillotait son petit bout de chou à elle, poutou poutou gazou direuh gabeu (je cite, hein, attention, c’est pas moi qui déraille, là.) Comme la mangeoire de bœuf s’était libéré (celui-ci ayant en fait pris goût aux excès s’enfonçait de plus en plus dans le stupre et la luxure, et avait entreprit de sodomiser un par un tous les animaux présent dans l’étable – il osait pas encore le proposer à Joseph), Marie déposa son enfant dedans. Et alors la gloire de Dieu éclata.
    Faisons une brève parenthèse descriptive. Essayez de vous imaginez la scène. (Et pas encore la Cène, ça viendra plus tard.) Prenez un truc assez moche, du style garage de HLM de banlieue dans le coin de Pantin, et vous aurez un truc qui ressemble mais vraiment pas du tout à l’étable. Non, mais prenez, je sais pas moi, un chalet suisse en ruine fera l’affaire, je pense. Placez autour un petit paysage pas très folichon, un petit peu vallonné, sans quasiment aucune verdure, avec juste quelques cactus qui se battent en duel en arrière-plan. Fourrez dans votre chalet de la paillasse à foison, versez-y quelques animaux cités ci-dessus, les protagonistes pré-cités (je vais quand même pas me répéter tout le temps), agitez, passez, mettez au four thermostat 200°, saupoudrez d’un peu d’étoiles toutes claires et belles et jolies, prenez l’ovni de Roswell (ou du moins sa soucoupe) et faites-la bouger dans le ciel pour faire une grosse étoile filante, mettez enfin en décoration des ploucs – enfin, des bergers du cru, quoi – et trois mongols – euh, non, d’ailleurs, ils ne l’étaient pas – qui s’amène de vachement loin avec des gros cadeaux de chez Cartier à Paris au moins. Servir à minuit, chaud ou froid, de toute façon on s’en fout c’est complètement indigeste et ça a vraiment un goût abominable.
    Tout ceci aurait encore été relativement innocent si en premier lieu les susdits bergers ne s’étaient pas ramenés, et avec une ardeur toute légionnaire, ne s’étaient mis à assister le bœuf dans sa grande tâche (et j’allais encore dire quelque chose de grave), ce qui fait que cette étable s’était transformée en partouze. Seule Marie, indifférente, priait, histoire de s’occuper l’esprit et de ne pas céder à la tentation. Joseph, lui, lorgnait le baudet.
    Mais tout ceci restait très bon enfant, quoi. Même Dieu, attendri, qui contemplait l'oeuvre de son fiston diabolique sur sa télé (chaîne de télésurveillance, une de ses dernières trouvailles avec le super-câble, qui lui donnait accès à toutes les chaînes de l’avenir et du futur, y compris MTV, pour les fans. (Si vous voulez tout savoir, s’il y a bien une émission que Dieu dans sa grande sagesse ne ratait jamais, c’était Flipper le Dauphin, dans l’espoir qu’un jour le gosse se noie avec son crétin de mammifère. Rintintin, dans le même style, donnait lieu à des scènes lamentables devant l’écran de télé.). Je ferme ma première parenthèse, et je suis à vous tout de suite.) décida de venir faire un petit tour, habilement déguisé en gros Papa Noël histoire de passer inaperçu. Non, je vous le dis, ce qui fut le pompon, la goutte d’eau en trop, le vase Ming qui tombe, le chat dans l’évier, Mamie dans le mixer, ce furent, comme à leur habitude, ces petits gorets volants de chérubins.
    Ceux-ci, dans une tentative lamentable de basse flagornerie, dans le but de rentrer dans la grâce de Dieu, avaient entreprit d’interpréter un pot-pourri de leurs plus grand succès, inventant de cette façon ce qui sera appelé plus tard les Greatest Hits. Le problème – comme pour la plupart des compilations d'aujourd’hui – est que leur sélection devait s’avérer peu brillante – même si la populace plus tard entonnera ces mêmes chants avec ardeur et foi, ce qui me fait toujours froid dans le dos, mais qui suis-je pour juger et bla et bla. Ils arrivèrent donc en masse et, volant au-dessus de l’étable dans l’indifférence générale, ce qui les vexa quelque peu au premier abord, il entonnèrent à pleine voix un Magnificat digne des plus beaux soirs de déchaînement vocal de Tino Rossi. La vierge Marie cru pendant quelques secondes que ses prières étaient exaucées – quelles prières, vous demandez-vous ? Ben, je sais pas tout, moi, demandez ça à Dieu – avant de se rendre compte de sa bévue. Les moutons crurent que c’était des renforts qui arrivaient. Les bergers crurent qu’on égorgeait leurs moutons. Le bœuf n’entendit rien, il était devenu sourd. L’âne et le baudet se mirent à chanter aussi pendant que Joseph, qui s’attendait à un truc dans le genre (forcément, quand votre femme vous dit qu’elle s’est fait engrosser par un ange, voue devez obligatoirement vous attendre à des trucs dans le genre, comme je l’ai si bien exprimé à la ligne au-dessus – quel talent, bordel) sortit de son sac son casque Sony et se mit a écouter du trash-métal, histoire de faire son intéressant. Jésus, seul à être content (ignorance is bliss, comme on dit chez la perfide Albion), battait la mesure avec des gabou didliboul assez peu convaincant, il faut l’avouer. Satan, déguisé en sapin de Noël (juste pour embêter le monde) rigolait comme une baleine et ses rennes se fendaient la poire comme c’est pas permis. Dieu, tâchant de passer inaperçu avec sa grosse hotte, allait faire une crise de nerfs quand soudain, salvateurs, les Rois Mages (vous vous souvenez, n’est ce pas, des trois Mongols de tout à l’heure ?) qui croyaient assister à une invasion de Berbères barbares, sauvages et blasphématoires mirent en fuite la chorale en lui lançant des petits fours Daloyau et des canapés. Palissant sous l’insulte, les chérubins battirent des ailes avec dignité, et tournant leurs petits derrières potelés vers leurs assaillants et s’enfuirent précipitamment en voyant les rois s’armer de gâteaux au chocolat.
Partager cet article
Repost0
19 octobre 2005 3 19 /10 /octobre /2005 01:24
1998

La première chose à faire, c’était d’annoncer au monde la venue du Messie. Les usages – même si tout le monde s’en foutait – devaient être respectés, surtout par Dieu, qui avait quand même passé on ne sait trop combien de temps à les inventer. Le tout était de trouver la personne qui aurait l’insigne honneur de porter en son sein le prodige. Dieu se fit apporter son annuaire des candidates possibles à la maternité, et dénicha la perle rare ; une certaine Elisabeth, qu’effectivement il connaissait bien. “ En plus, ça va lui faire les pieds ”, se dit Dieu, qui avait tendance à sombrer dans la vulgarité de plus en plus facilement. Il ne restait plus qu’à leur annoncer la nouvelle, et ce serait bon. En gros, il fallait trouver Gabriel.

"Ce vieux poivrot doit encore être en train de finir le vin de messe, comme d’habitude", pensa amèrement Dieu. Il en était lui aussi un grand amateur, et à chaque fois, son stock entier, fraîchement renouvelé, était pillé par ce trou sans fond – ce qui, pour un trou, semble au premier abord peu logique, mais je vous rappelle qu’on est au Paradis ici, et puis en plus Einstein était même pas né (rapport ?), alors je vous demande de bien vouloir considérer que les lois physiques régissant Ce Céleste Royaume ne sont pas les même que sur terre, et puis je vois pas pourquoi je vous dis tout ça, alors que vous en avez rien à foutre – et Dieu, fort marri, était contraint par sa grande mansuétude à pardonner, dans sa bonté infinie. "Encore une connerie que je regretterais."
Il soupira (un truc qui L'avait toujours embêté, c’est qu’avec les majuscules au début des phrases, on s’aperçoit même pas qu’on Lui en met d’office) et Se téléporta dans Sa cave (à vin) où, effectivement, se trouvait Gabriel.
"Mon ange, j’ai une mission à te confier.
– Moui ? Encore une bigote à engrosser ? Je suis pas inséminateur artificiel spécialisé, moi ! J’en ai marre d’injecter du Saint-Esprit à tout bout de champ ! Je pourrais pas me payer un petit dragon, non ? A chaque fois, c’est toujours pareil, c’est Mimi (NDA: Michel, pour ceux qui ne l'aurait pas reconnu) qui rigole, et bibi, lui, il va trouver des nanas qu’elles sont tellement accros à toi, mon vieux, que ça me débecte. Alors, j’en ai marre. Tiens, j’ai bien envie de faire une petite chute, hein, ça t’arrangerait pas, ça hein ?
- Bon. T’as fini ?" Cette scène se répétait souvent – en fait, dès que Gabriel devait accomplir un travail, quel qu’il soit – et Dieu savait prendre Gabriel par les sentiments.
"Tu sais ce qui va se produire si tu n’y va pas ?
- Oui, gémit Gabriel. Mais je préférerais tuer des dragons.
– Je suis bien d’accord, mais sans vin de messe, tu ne pourras plus faire grand-chose.
– Bon, je le ferais. Qui est la ‘cible’ ?
– Elisabeth, femme de Zacharie. T’annoncera la nouvelle au père, au temple.
- Bien, chef." Gabriel, après un bref salut, et après avoir rajusté son auréole sous le regard critique de Dieu, s’éloigna en volant à-peu-près droit. Ledit Dieu, ayant un soudain regret et aussi se rendant compte avec précision de l’état d’ébriété de son messager, voulu lui demander d’éviter de faire encore des bêtises, mais finalement il s’abstint. "Advienne que pourra, et puis de toute façon, il ne l’avait pas volé", pensa Dieu, qui parlait là au passé d’un acte futur (attention, paradoxe temporel de daube en cours) grâce à sa fameuse omniscience – on n’en fera jamais assez état - lequel acte vous verrez sous peu relaté sous vos yeux zébahis, chers lectrices et lecteurs, ce qui, j’en suis sûr, calmera momentanément les palpitations d’angoisse qui vous étreignent actuellement, sensibles que vous êtes à un suspense si subtilement organisé.     (attendez, je reprends mon souffle une minute.  […]. Voilà. On peut repartir, dans le bonheur et dans la joie.)
Après un voyage légèrement chaotique, Gabriel était arrivé en vue du temple. Par bonheur, c’était au tour de Zacharie d’aller voir à l’intérieur si Dieu y était. Dieu y était pas, et pour cause, mais par contre, il fut quelque peu surpris de voir un ange passablement éméché en train de farfouiller dans la réserve de vin pour les cérémonies. Il s’agenouilla, l’air en extase, mais sa perplexité n’échappa pas à Gabriel.
"Zacharie ! dit celui-ci.
- Oui, ô seigneur ? Que me veux-tu ?
- Tu vas avoir un chiard.
- Un quoi, seigneur ?
- Un chiard, un moule, un gosse, quoi ! Par ordre divin, etc, etc.
- Mais, seigneur, ma femme, Elisabeth, elle est stérile.
- Et alors ? Tu oses douter de la puissance de Dieu et de son archange Gabriel ? (l’un des seuls défaut de Gabriel, c’est que parfois il avait tendance à se faire mousser  inconsidérément.) Ton moule, tu l’appelleras Jean le Baptiste, oui, je sais, ça fait bête, mais c’est pas moi qu’ai choisi, et il aura une grande renommée plus tard, et il sera prophète, et il ramènera plein de brebis égarées.
- Pardon ?
- Le texte est pas de moi. Et puis en plus, il boira pas, et il sera rempli de l’Esprit-Saint, et en plus il baisera pas.
–Hein ? Bon, ça fait rien. Je prierai tous les jours le Seigneur en remerciement de tous ses bienfaits. Tiens, d’ailleurs, avant que vous partiez, y’a quand même un truc que je voudrais vous demander : vous avez dit que vous étiez un Archange, mais si je me souviens bien, vous ne faites pas partie de la liste officielle ?"
Zacharie regarda Gabriel, et il sut qu’il avait fait une erreur. Un des autres défauts de Gabriel, c’était qu’il aimait pas être pris en flagrant délit de moussage. Une lueur belliqueuse s’alluma dans ses yeux.
"Tu sais quoi ? J’ai l’impression que tu vas être muet jusqu’à la naissance de ce gniard, histoire de t’apprendre à être poli avec les anges.
- Mais, seigneur, je me suis mal exprimé !
 - Ben justement ! Ta gueule !
 - …" Horrifié, le prêtre – vous avais-je dis que Zacharie était prêtre ? – s’en alla, laissant un Gabriel furieux.
 Dieu regardait ça d’un air navré. Puis il se téléporta jusqu’à Elisabeth, qui ne cachait pas sa joie, d’abord d’avoir un fils, mais aussi du fait que son mari était condamné à être muet pour au moins neuf mois, ce qui l’arrangeait bien, vu qu’elle avait un certain nombre de soirées en retard avec ses copines, et elle comptait bien profiter de l’acquiescement plus que certain de son mari pour faire la rumba. " Mais pour vous remercier, Seigneur ", dit-elle. Alors Dieu se dit que 1 : il avait fait le bon choix, et que 2 : on ne pouvait vraiment plus se fier aux registres. Il décida de partir à la recherche de la mère de son fils (oui, je sais, ça à l’air bizarre comme ça, mais bon, on n’est pas là pour expliquer la Trinité, et pourtant Dieu sait – forcément il est ??? Omniscient ! Bien, je vois que ça rentre – que c’est rigolo.)
Il hésitait. Lui, le créateur de toutes choses, hésitait. Quelle mère donner à Jésus ? Une prostituée ? Une maquerelle ? Bref, une femme de mauvaise vie, ça oui, mais laquelle. Grave problème, et j’espère que vous en êtes conscient, bande d’inculturés qui n’avez jamais eu à prendre de pareilles décision. Oui, moi non plus, mais c’est pas la même chose, d’abord, et pis si vous êtes pas contents, zavez qu’à pas lire.
Se décider lui pris bien cinq jours. Finalement, il se décida pour une obscure prostituée du nom de Babette, qui résidait dans un trou perdu de la terre promise, appelé Nazareth. Non seulement ça sera bon, mentalement parlant, mais en plus, vu le climat là-bas, son fils allait revenir bronzé comme un dieu (grec, attention, faut pas tout confondre.) Le seul obstacle était, une foi (ah, ah, très drôle) de plus, de convaincre Gabriel de la nécessité vitale de sa mission. Mais ce fut plus facile que prévu. Gabriel, dès qu’il eut entendu le nom de sa destination, se remémora avec émotion et gratitude l’existence d’une petite auberge qui servait un vin pas piqué des vers dans la région, et il se promit d’aller y faire un tour.
Le problème, c'est qu'il y alla avant de faire sa visitation (terme officiel agréé par l'Eglise, on fait ce qu'on peut.) Dieu, qui s'y attendait mais n'y pouvait rien - il avait pris la ferme résolution de laisser faire le hasard, ou alors l'ineffabilité, il ne savait plus très bien, dans cette affaire - assista, impuissant, à l'errance de Gabriel dans les rues pourtant peu nombreuses de Nazareth, la perle de la Galilée inférieure, où le soleil brille et les vahinés ont de gros nénés, olé olé.

Ce qui fait qu'évidemment, Gabriel, au lieu de pénétrer dans l'antre de débauche de Babette - ce qui n'aurait pourtant pas manqué de piquant, elle était justement en train de divertir un client, et l'apparition d'un ange paf certes mais un ange tout de même n'aurait pas nuit à son image de marque, loin de là. Le monde est plein de regrets. Toujours est-il que Gabriel se trompa, de peu en numéro d'immeuble mais de beaucoup en matière de femme. Il déboucha, hagard, chez une certaine Marie, chez qui la bigotterie la plus infâme se mêlait de la fidélité la plus insultante envers son mari, qui, lassé, était allé voir à côté si jamais la gentille petite dame aurait des fois pas besoin d'une nouvelle poutre à son plafond. Précisons que Joseph était menuisier, ce qui ne manque pas de rajouter une certaine saveur à cette métaphore toute en finesse. (Bon, on va s'arrêter là.) Et Gabriel de commencer : "Réjouis-t-t-t-toi, P-p-p-putain de Bab-babylone, y'a Dieu qui veut niquer." A ces mots, elle fut très troublée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation (attention, là, je cite tel quel, Luc 1, 29, quel talent, nom de Lui. Euh, Dieu.) Il faut signaler, pour sa défense, que Gabriel savait quelle était la profession de Babette, et donc il ne prenait pas de gant et enjolivait une admonition déjà malheureusement calibré pour un autre type de femme. Il poursuivit, inspiré : "Ai pas peur, ma cochonne, Dieu qu'il est tout gentil tout mignon tout plein, et qu'il va te faire un fiston vite fait bien fait, que tu l'appellera Jésus, et là y'a des trucs de famille avec Machin, là, David, et tout ça, mais je vais pas t'emmerder avec ça.
- Mais, je suis vierge !!" Le soupçon rampait dans l'esprit de Gabriel. Heureusement, comme chez lui l'esprit était séparé du corps, ça le gênait pas du tout. "Le Saint-Esprit, i va te couvrir, tu sais, comme pour les vaches, et pis aussi tu pourras aller voir l'autre, là, Elisabeth, que Dieu il l'a arrondie pour montrer sa puissance et tout et tout.
- Je suis la servante de Seigneur", dit Marie, toujours aussi dévote. Bon, les formes la choquaient un peu, mais elle avait entendu pire, quand elle était allé une fois avec sa copine espionner les hommes au cabaret alors que ceux-ci innocemment faisait un concours de blagues grivoises et de celui qui arriverait à pisser par dessus le mur. (le problème était qu'elles se trouvaient justement derrière le mur, et qu'il y en a eu au moins trois qui y étaient arrivés. Après, pour expier ses péchés, Marie était allée tout raconter au temple, histoire de pouvoir revoir le prêtre, sacrément mignon (personne n'est parfait). Quand celui-ci apprit l'affaire, il craignit tout d'abord que Marie ne reconnaisse sa voix, puis, une fois rassuré, sous prétexte d'aller réprimander ces pécheurs, retourna au cabaret pour raconter l'histoire du mur et de... enfin, bref, à tout le monde.
Mais passons sur ces détails douloureux.) Bon, j'en étais où, moi ? Ah oui. Marie continua : "Que tout se passe pour moi comme tu l'as dit !!". Et l'ange, sur un dernier rot sonore (plus tard maquillé en coup de trompette dans les récits futurs) la quitta.
Dieu, désespéré, se reservit un peu d'hostie avec du vin, pour se consoler. On fait ce qu'on peut. Oui, bon, là, j'avoue, il s'est montré en-dessous de ses possibilité, mais il a des circonstances atténuantes. C'est pas tous les jours Noël. (NDD* : encore heureux.)

*NDD: note de Dieu (héhé, ça c'est de la référence !)

Marie, pour fêter ça, décida donc de visiter sa vieille copine Elizabeth, qui depuis six mois maintenant enchaînait fiesta sur fiesta, profitant de la gêne momentanée de son cher poux. Euh, époux. En entrant dans la demeure de Zach, (surnom trouvé par sa femme deux mois auparavant pour faire jeune - tentative inéluctablement vouée à l'échec), elle s'écria : "Zézette ! Comment va ton ulcère !!" Entendant ce cri, le petit Jean, par encore Baptiste mais ça viendra, précoce, se prit pour Ronaldo et commença à tirer des pénaltys dans le ventre à sa Maman. Profitant de la confusion générale, l'Esprit Saint, déguisé jusque là en bougie à la citronelle anti-moustique de la fameuse marque .................. (case à louer), se glissa subrepticement dans le sein de Lisbeth. (Non, j'ai dit dans le sein, pas entre les seins, bande d'obsédés.) Zabette, avalant un dernier acide, l'ayant (c'est ce qu'on dit) confondu avec un comprimé de Guronsan, poussa un grand cri (Luc, 1, 42) et se mit à divaguer aussi sec sur les charmes de .......... (case à louer, eh oui, encore, la vie est dure). Heureusement l'Esprit Saint, par la suite, a arrangé le coup, sinon, les Evangélistes auraient été sacrément dans la mouise, forcément, à l'époque, le Guronsan existait même pas, alors. Il traduisit à Marie qui cru, pendant un instant, qu'on lui refaisait le coup de Jeanne d'Arc et de Roswell : « Mon âme exulte le Seigneur, Qui m’a choisie moi – faut bien que ça serve d’avoir un mari prêtre – et qui S’est attaqué à la libération du prolétariat, il renverse les riches pour le bonheur du Kolkhoze, Et enrichit les pauvres ouvriers exploités par les grosses légumes capitalistes (Parfois, le Saint Esprit se laissait emporter par sa prose, comment dire ? Imagée ?) qui non content d’épuiser au travail dans leurs mines ces malheureux dévorent en prime des petits enfant au déjeuner, et les font passer avec du Dubonnet, histoire de rigoler un brin, et violent sauvagement leurs femmes dans les écuries de Vincennes, et Vive la IIIe internationale !!! Lénine, libérateur du genre humain, vient nous délivrer de ce fardeau d’injustice et de décrépitude ! » Elisabeth, à bout de souffle, trépignait sur place. Marie, peu au fait des dernières trouvailles en fait de politique avancée, ne saisit pas toute la teneur du propos, mais elle en déduisit assez justement que le Guronsan dont il a été déjà question précédemment n’en était pas. Du Guronsan, s’entend. Du coup, elle décida de rester un brin, histoire de surveiller un peu cette pauvre Lizbeth, qui non content de s’appeler comme la reine d’Angleterre – ce qui ne la choquait nullement, d’ailleurs – avait visiblement fait des réserves.
    Pendant ce temps, Zach s’emmerdait, et Joseph limait.
    Et Dieu buvait du calva.

    Au bout de trois mois de ce petit jeu, le petit Jean commençait à la trouver mauvaise. L’absorption contrariée et forcée de diverses substances plus ou moins licites lui avait déjà donné une certaine tournure d’esprit qui n’était pas dépourvue d’originalité ; le problème étant que, hein, d’abord, il était pas sur terre pour ramasser des champignons. Il avait une mission, lui. (Et toc.) Du coup Elisabeth, n’ayant d’autre choix, enfanta. Quand les amis du joli couple parental leur demandèrent : « Mais ? Quel sera le nom du petit ? », Elisabeth ne trouva d’autre réponse que : « Jean !! » Comme tout le monde trouvait ça con, c’est vrai quoi Jean tout seul ça fait con, trouvez pas ? et bien que plusieurs aient déjà en tête l’idée facétieuse certes mais tellement ringarde de l’appeler Jeannot Lapin (Du Racel), tout le monde, donc, protesta, trouvant le pire prétexte qui se puisse trouver. « C’est ringard !! » Du coup, on demanda son avis à Zach. (Précisons que Dieu, ému par son futur miracle, assitait à la scène, subtilement déguisé en Bouddha géant en bronze made in Korea pendu la tête à l’envers au plafond.) Celui-ci écrivit sur un bout de serviette en papier quelque chose qui ressemblait à :J%%*$£¤n ! !. A l’instant sa bouche et sa langue furent libérés et il parlait (Luc, 1,64, décidément), et tout le monde recula, effrayé. Il venait en effet d’arroser copieusement l’assistance d’une pluie de filets de bave alors qu’il articulait quelque chose du genre « Mon Fenssier !!! » On chercha vainement à décrypter le message – vraisemblablement codé – tandis que Dieu, qui avait tout compris (on ne se refait pas) tirait une tête d’un mètre de long, ce qui pour un Bouddha en bronze massif est une belle perfomance. Zacharie, qui s’était mis à chercher frénétiquement quelque chose, poussa de nouveau un vague borborygme de triomphe et enfourna dans sa barbe quelque répugnant objet (Dieu avait fermé les yeux.) Alors, d’une voix forte et claire, il cria : « Mon SSSenfier !!! » ce qui ne manqua pas de laisser perplexe l’assistance quand soudain un âme charitable compris et remis le dentier de Zacharie dans le bon sens. Du coup, celui-ci put enfin parler, et il déclara solennelement : « Rien à foutre du nom du gosse, il est même pas de moi, par contre bordel qu’est-ce que j’ai soif !!!! »

    Dieu, étonné mais ravi, se demandait si des fois il allait pas condamner toute la terre à un silence forcé de quelques mois, histoire de leur remonter un peu le moral à tous. Quittant son enveloppe de Bouddha, il remonta au Paradis et décida de laisser les choses moisir jusqu’au jour où ça allait barder. Pour passer le temps, il décida d’appeler Satan, qui, rappellons-le, était chargé d’une mission de surveillance rapprochée.
    Il était justement en train de préparer son incarnation, avec un peu de retard certes mais pas trop. Il avait hésité, un moment, pour savoir s’il allait s’incarner en Ben Hur – le charisme de personnage lui convenait à merveille – ou en Jules César – cette option étant plus délicate, il aurait fallu le ressusciter. En plus, Cléôpatre aurait même pas été là. Il se décida donc pour Ben Hur : et, tant qu'à faire, il allait piquer le physique de Charlton Heston. "Sacré Charlton, va !". Ce qui, éventuellemnt, pourrait fournir de beaux gags si jamais il rencontrait Marsalla. Mais ceci est un autre film, et je m’égare.
    Dieu, donc, prit son phone (ben oui, on s’adapte, faut être in) et composa le numéro (suspense. Eh ben non, je ne vous le donnerais pas. C’est bête, hein ? Et puis de toute façon, il fait au moins 29 379 chiffres, ce numéro, alors… - Et Dieu, comment qu’i fait, me direz-vous ? Et ben, il est pas con, lui, il a une touche mémoire. [Ca vous en bouche un coin, s’pas ?]). La sonnerie d’attente retentit.
    « ‘Lo ? Ca boume ? Ca genèse ? (NDA : précisons en effet que Dieu pour maintenir la forme créait sans arrêt des petits mondes assez ridicules peuplées uniquement pour la plupart de Tripotanus, race de dinosaure connue pour son amabilité légendaire).
- Bof, bof. Dis moi, tu as suivi les derniers avènements ? (Et pourquoi pas ?)
- Mouais. Pas mal, le petit Jeannot, ce sera un dur à cuire. De selle (gag récurrent lamentable.)
- Au fait, c’est toi, non, qui a pervertit Elisabeth ? Une de mes plus fervente admiratrice !
- Ok, j’assume, mais je t’ai vu te marrer.
- T’étais là ?
- Oui. Tu te souviens du nain de jardin sauteur ?
- Je me disais aussi. T’arrives quand ?
- Oh, je vais un peu court-circuiter le chemin habituel. Disons que je vais accélerer le cours des choses.
- Pas de détails, s’il te plait.
- Ok. Bon, je te laisse, j’ai un damné sur le grill.
- Amuse-toi bien !! » Dieu laissa tomber le combiner et regarda sa montre (Alpha & Oméga, modèle 1er jour, avec cadran solaire dépliable et parasol intégré, utile pour les premiers jours de création, particulièrement vicieux envers le bronzage.)

    Quant à l’enfant, il grandissait et son esprit se fortifiait ; et il fut dans les déserts jusqu’au jour de sa manifestation à Israël (Luc, 1, 80). N’empêche qu’il aurait pu faire un effort, parce que je veux pas dire, mais les déserts, c’est quand même pas folichon.
    J’irai même jusqu’à dire que c’est plutôt vide, dans le genre. Bref, son esprit se fortifiait peut-être, mais c’était pas forcément dans le bon sens - enfin, on se comprend - vu sa consommation élevée de champignons locaux, et il passait donc son temps à baver, chercher de l'eau, et déclamer des prophéties aux scorpions, qui s'en foutaient éperdument.

    Comme quoi on peut être prophète, défoncé à l’acide depuis sa naissance et être débile, y’a pas contradiction.
Partager cet article
Repost0