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L'auteur, le blog


Un blog, c'est fait pour parler de tout et de rien. Alors il y aura du rien (beaucoup), de tout (parfois), du n'importe quoi (un peu trop souvent), et surtout... des mots.


Petit guide... Le cinéma, c'est un film par semaine, sorti et qui n'a pas attiré l'attention qu'il mérite ! L'actu, c'est l'actu, un peu de tout dessus... Et des nouvelles, pour le plaisir.

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Je tiens à m'excuser pour le manque de renouvellement de ce blog. Un emploi du temps entre vacances et début d'un nouveau travail, bref, je n'ai presque pas mis les pieds au ciné depuis une éternité !
Mais bon, le tout est de prendre le rythme, et j'espère que dans peu de temps je pourrais recommencer à tenir la boutique. D'ici là, je vous demande un peu de patience...

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16 mai 2006 2 16 /05 /mai /2006 03:09

(JPG) de Yoji Yamada
Titre original : Tasogare Seibei - Seibei du crépuscule
2002, Japon
Avec Hiroyuki Sanada, Rie Miyazawa, Tetsuro Tanba
Sorti le 10 mai, durée 2h 5min.


Ne vous laissez pas abuser par l’affiche. Si Le Samouraï du Crépuscule parle bien d’un de ces guerriers nippons, ce n’est pas pour autant un film de sabre comme un autre. La patte de Yoji Yamada, réalisateur de La Servante et le Samouraï (qui a fait l’objet d’une critique dans ces pages), est clairement reconnaissable. Au-delà de sa condition, c’est l’homme qui l’intéresse, en l’occurrence Seibei Iguchi (Hiroyuki Sanada), samouraï de basse caste.

Veuf, il doit s’occuper seul de ses deux fillettes, de sa mère malade. Comme il rentre toujours chez lui dès la journée de travail finie, ses amis et voisins l’ont surnommé "le Crépuscule". C’est alors que réapparaît la belle Tomoe (Rie Miyazawa), son amour de jeunesse, qui a divorcé d’un mari brutal. Un soir qu’ils sont ensemble, l’ex-mari, en état d’ivresse, les surprend, et provoque Seibei en duel : ce dernier arrive néanmoins à le vaincre avec une simple épée de bois (l’un des deux combats du film). Une prouesse qui ne passera pas inaperçue...


(JPG)
Seibei, père avant tout (Hiroyuki Sanada) © CTV International

Pourtant, Seibei n’a pas la fibre guerrière, loin de là. C’est un samouraï, certes, mais son travail est celui d’un gestionnaire d’entrepôt, et il aspire à devenir paysan et à élever amoureusement ses filles. Le film, évoluant à un rythme tranquille, s’attarde sur ces moments passés en famille, qui constitueraient presque un documentaire sur la vie d’un homme simple et droit à l’aube de l’ère Meiji. Le côté potentiellement rasoir en moins.

En effet, Yoji Yamada a le chic pour dessiner des héros attachants par leur humanité, et surtout sait les filmer avec sensibilité, tendresse et un humour léger irrésistible. Impossible de ne pas s’attacher à ce guerrier dépenaillé et sa famille, d’autant que l’interprétation est impeccable de justesse, y compris celle des excellents personnages secondaires. Touchante, drôle tout en étant grave, n’hésitez pas à aller voir l’histoire de Seibei Iguchi,Le Samouraï du Crépuscule...

(JPG) Yoji Yamada s’est en fait attelé à la réalisation d’une trilogie sur les samouraïs de conditions modestes. Il vient de terminer le troisième volume, l’Âme du Guerrier. L’opus numéro deux, déjà cité précédemment, vient juste de sortir en dvd : La Servante et le Samourai. Heureux hasard, un autre excellent film (voir la critique) sorti à la même période sort aussi en dvd : Lonesome Jim. Précipitez-vous dessus, c’est une perle... Et au passage, n’oubliez pas de prendre Les Noces Funèbres de Tim Burton.

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10 mai 2006 3 10 /05 /mai /2006 14:40

(JPG) de Jean-Marc Vallée
2005, Canada
Avec Michel Cote, Marc-André Grondin, Danielle Proulx
Sorti le 3 mai, durée 2h09min.


Le point de départ de CRAZY fait penser à une sitcom américaine. Une famille nombreuse, père un peu dépassé et mère débordante d’amour, avec comme descendance des garçons aux caractères définis d’un trait : l’intello, le sportif, le rebelle grande gueule ou encore « l’ennemi » suivant le héros, Zachary, quatrième larron en quête d’identité, et enfin Bouboule, dernier arrivé. De cette longue liste découlent deux des reproches que l’on pourra faire à ce film : mis à part le héros, les personnages sont un peu convenus, n’évolueront pas vraiment de leurs cases, et certains sont un peu délaissés. Cela n’empêche qu’ils sont bien dessinés (notamment le père, qui entonne Aznavour dès qu’il le peut), et que le fonctionnement de cette cellule familiale hors norme est savoureux (au-delà du plaisir immédiat d’entendre du québécois).


(JPG)
Marc-André Grondin © Océan Films

Le choix de l’époque traversée n’y est pas pour rien : Zachary est né le 25 décembre 1960, et le film le suit jusqu’à ses vingt ans et quelques, l’accompagnant dans sa recherche d’identité. Dans une famille où tous les extrêmes sont occupés, il va osciller, entre Pink Floyd, Bowie, le punk, le baroudeur, un peu tout en fait, entre les bornes que constituent les autres membres de sa famille. Les dialogues font souvent mouche, les retournements de situations aussi, tant comiques que plus intimes. Car Jean-Marc Vallée n’oublie pas d’explorer aussi ces moments secrets, comme celui où le père fait face à ses limites en tant qu’homme, incapable d’accepter que Zachary puisse être homosexuel. Car ce dernier, campé par un excellent Marc-André Grodin, sous ses dehors un peu excentriques, est somme toute normal suivant les critères paternels, et sous cette normalité, se demande s’il n’est pas ‘fif’ (pour ‘fifille’, traduit dans les sous-titres - car il y a des sous-titres à certains moments - par ‘tapette’). En parallèle, les scènes entre Zachary et sa mère fournissent des petits havres d’amour paisibles, où le réalisateur se permet de glisser quelques questions sur la foi. De tous ces différents fils, Jean-Marc Vallée arrive à tisser une chronique réussie, même si elle n’est pas très originale, défaut compensé en partie par une b.o. aux petits oignons.

(JPG)Le cinéma canadien et plus spécifiquement québécois est rare sur nos écrans. Seuls deux films se sont fait remarquer (et à juste titre), Le déclin de l’empire américain et sa suite, les Invasions barbares, du réalisateur Denys Arcand. Il a également dirigé l’excellent Jésus de Montréal, qu’on a pu voir sur nos télévisions en France.

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4 mai 2006 4 04 /05 /mai /2006 12:52

(JPG) de Duncan Tucker
2004, Etats-Unis
Avec Felicity Huffman, Kevin Zegers, Fionnula Flanagan
Sorti le 26 avril, durée 1h43


Une virée en voiture, prétexte à une réconciliation entre un père et son fils : le road movie classique. Sauf qu’ici le père est désormais une femme, Bree (Felicity Huffman), qui vit dans une petite maison en Californie, travaille dans le télémarketing, s’habille très rose, tailleur et chapeau, et qui ne pense qu’à une chose : achever sa transformation. Car Bree a encore un pénis, et l’opération finale, qu’elle attend depuis trois ans, va enfin avoir lieu dans une semaine, à Los Angeles, si elle obtient le certificat nécessaire.

Mais un coup de fil l’informe qu’elle a un fils, en prison à New York. Et que la mère de ce dernier est morte. Bree tente d’ignorer le problème mais sa psychothérapeute la force à s’y confronter : sinon, pas de certificat... Elle libère, en se faisant passer pour une bénévole religieuse (et pour une caution de un dollar), Toby, adulescent rebelle aux penchants gay, qui a pour ambition de se teindre les cheveux en blond pour tourner des films X à L.A. Elle veut s’en débarrasser au plus vite, mais les événements vont en décider autrement.


(JPG)
Felicity Huffman et Kevin Zegers © Bac Films

Transamerica regorge de coups de théâtre, retournements de situation, qui évidemment tournent beaucoup autour de la transsexualité. Mais le film ne devient jamais lourd, ni pesant. Duncan Tucker ne remet pas une fois en question le choix de Bree ex-Stanley, ce qui lui permet même un humour vache terriblement efficace. Qui plus est, les deux acteurs principaux sont éblouissants, particulièrement Felicity Huffman. Elle impose une voix, une silhouette à la fois fine et un peu gauche, suggérant une lutte permanente contre des restes de masculinité dans les attitudes, tout en étant d’une sobriété exemplaire (elle a d’ailleurs reçu le Golden Globe de la meilleure actrice pour ce rôle).

Le film atteint des sommets de drôlerie quand, au pire de leurs errances, sans voiture, sans bagages, le duo fait escale chez les parents de Bree, un couple de Texans bourgeois et normatifs : mère étouffante, père absent, sœur ex-alcoolique... Mais le film ne tourne jamais à la farce, sachant garder un équilibre entre émotion et relâchement, porté par l’optimisme du réalisateur qui promeut une société où enfin l’on accepte les autres sans se sentir agressé, cela sans jamais que le film ne deviennent un dossier sur la transsexualité. Léger, émouvant, soutenu par une bande originale extrêmement bien choisie, Transamerica ne va pas manquer de vous séduire.

(JPG) Le road movie est un genre souvent visité. Nombre de grands réalisateurs s’y sont frotté, le plus souvent en contournant les canons du genre, donnant naissance à de vrais bijoux. Je ne saurais trop vous conseiller les films suivants : Broken Flowers de Jim Jarmusch, l’indémodable Thelma et Louise de Ridley Scott, et deux chefs-d’œuvre indiscutables, la Ballade Sauvage de Terence Malick, et l’Été de Kikujiro de Takeshi Kitano.

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24 avril 2006 1 24 /04 /avril /2006 06:05

(JPG) de James McTeigue
Titre original : V for Vendetta
2005, Etats-Unis
Avec Natalie Portman, Hugo Weaving, Stephen Rea
Sorti le 19 avril, durée 2h 10

Drôle de mélange que ce V pour Vendetta, à la fois thriller de science-fiction, histoire d’amour, et brûlot politique. Inspiré d’une bande dessiné anglaise des années 80 (en plein Thatchérisme), on y retrouve évidemment la figure du héros solitaire, qui va se trouver une partenaire. Sauf qu’ici V (Hugo Weaving) n’est pas un superhéros. L’homme qui restera caché derrière son déguisement de Guy Fawkes (Anglais célèbre pour avoir tenté de faire sauter le Parlement, pendu le 5 novembre 1605, et dont l’effigie est brûlée traditionnellement tous les ans à cette date) a certes des réflexes plus rapides que la moyenne, mais il se sert plus de son cerveau que de ses muscles.

Cela fait une grande partie de son charme, indéniable, comme son élocution, entre poésie et efficacité. S’il garde en permanence son masque à l’étrange sourire, ce n’est pas seulement parce que c’est un grand brûlé. C’est aussi parce que l’homme s’est effacé derrière les idées qu’il soutient, idées politiquement proches de l’anarchie dans l’œuvre originale, ici tempérées par les scénaristes, qui ne sont autres que les frères Wachowski. Ces derniers ont évidemment apporté d’autres légères modifications à l’histoire originale, notamment pour rendre certains débats plus actuels, mais que les fans de la BD se rassurent, l’essentiel (et un peu plus) est là.


(JPG)
Un look très daté pour V, qui renforce encore son côté isolé et décalé (Natalie Portman et Hugo Weaving) © Warner Bros.

L’Angleterre est devenu un état policé à outrance, dirigé par un ‘Haut Chancelier’ dont l’accession au pouvoir, par les urnes, s’est fait sur les thèmes de la peur et de la sécurité. V est le seul élément à lui résister ouvertement. Mais, d’une certaine façon un produit de ce régime monstrueux, il est lui-même devenu un monstre pour le combattre, poursuivant sa vengeance d’une façon implacable - ce n’est pas un hasard si son film préféré est Le Comte de Monte-Christo.

La présence d’Evey (Natalie Portman), jeune fille qu’il sauve un soir et qui deviendra, par la force des choses (et des arguments), son assistante, va entraîner chez lui cette prise de conscience. Par-dessus tout cela, se greffe l’enquête de l’inspecteur Finch (très bon Stephen Rea), chargé du cas V, qui va en découvrir plus qu’il ne l’escomptait... Servi par une réalisation dynamique, pas forcément inventive mais parfaitement maîtrisée de James McTeigue (assistant des frères W. sur la trilogie Matrix), V pour Vendetta détonne par sa forme et son discours (les Américains, subtils comme ils savent l’être, ont vu dans le film une apologie du terrorisme), attire par son mélange des genres, et convainc grâce à des scènes d’une force indéniable.

(JPG) Je ne saurais trop vous conseiller la lecture du comic à l’origine du film, et qui porte le même titre, V pour Vendetta, d’Alan Moore et David Lloyd. Les dessins sont un peu datés, mais l’intrigue, plus foisonnante et fouillée que celle du film (plus politique aussi), et la narration inventive en font un classique. Par ailleurs, si par extraordinaire vous n’êtes pas allé voir OSS 117 malgré les critiques élogieuses qu’il a reçu, courrez-y, c’est l’un des films français les plus drôle de ces cinq dernières années - surtout si, comme moi, vous avez pendant votre enfance vu un nombre considérable de James Bond première époque...

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19 avril 2006 3 19 /04 /avril /2006 11:03

(JPG) de Jin-Ho Hur
Titre original : Oechul - Sortir
2005, Corée du Sud
Avec Ye-jin Son, Yong-jun Bae, Sang-Hyo Lim
Sorti le 12 avril, durée : 1h 45


La naissance d’un amour improbable et, en un sens, interdit : le thème d’April Snow n’est pas neuf dans le cinéma. Mais le nouveau film de Jin-Ho Hur, malgré des longueurs, impose sa finesse de traitement et de ton, aidé en cela par des interprètes lumineux. Venant d’apprendre que sa femme a eu un accident de voiture, In-Su (Bae Yong-Joon) se rend sur la côte est de la Corée du Sud. À l’hôpital, il rencontre Seo-Young (Son Ye-Jin), qui se révèle être l’épouse d’un homme qui lui aussi était dans la voiture. Fouillant leurs affaires, ils vont se rendre compte que leurs conjoints respectifs entretenaient une liaison.


(JPG)
Bae Yong-jun et Son Ye-jin © Pretty Pictures

Réunis dans le même trou perdu, dans le même hôtel, et surtout reliés par ce sentiment d’avoir été trahis, In-Su et Seo-Young vont progressivement faire connaissance. Au fil de rencontres dans les halls vides et impersonnels de l’hôpital, dans le couloir de l’hôtel, une affection va naître, puis un amour, que va compliquer le réveil de la femme d'In-Su. Sur pareille trame on aurait pu craindre une romance à l’eau de rose comme en produit régulièrement le cinéma coréen. Mais April Snow évite tous les écueils pour évoquer, avec légèreté, la souffrance et le réveil de deux êtres.

Pas de grandes discussions morales : le film se concentre sur les regards, les gestes esquissés, sur des échanges de propos brefs et innocents presque mais qui de fait sont beaucoup plus révélateurs sur les sentiments des deux protagonistes. C’est là où toute la qualité des interprètes joue. Fragiles, et densément humains, ils rendent signifiante la plus anodine des attitudes par leur finesse de jeu. Du coup, malgré son rythme un peu lent (plus sensible dans la deuxième partie du film, après le réveil de la femme), April Snow fascine. Il décrit à la perfection les flux et reflux de la douleur, de la solitude, et la tâtonnante guérison qui les accompagne, cheminement ici entrecroisé avec celui qui mène du sentiment de revanche et de trahison à l’acceptation de la relation des deux amants, les anciens comme les nouveaux. Un petit bijou de délicatesse.

(JPG) Pour ceux qui veulent s’intéresser au renouveau du cinéma romantique coréen, appelé localement hallyu (site officiel coréen sur le sujet, mais en anglais), dirigez-vous vers le film qui a relancé le genre : My Sassy Girl, de Kwak Jae-young. Mais c’est une comédie romantique, pas un film « suspendu », comme April Snow ou Locataires (que j’avais déjà recommandé, mais toute occasion est bonne...)

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12 avril 2006 3 12 /04 /avril /2006 23:48

(JPG) de Dominique Abel, Fiona Gordon, Bruno Romy
2005, Belgique
Avec Fiona Gordon, Dominique Abel, Lucy Tulugarjuk
Sorti le 5 avril, durée 1h 24min


L’Iceberg commence par un drôle de ballet - une chorégraphie sur serpillière. Fiona (Fiona Gordon), gérante dégingandée d’un fast-food, est chargée de la fermeture, et circule les deux pieds sur le chiffon. Quand elle range dans le frigo un sac de nourriture oublié dehors, son écharpe entraîne la porte, l’enfermant pour la nuit à -30°C... Elle en ressortira avec une obsession : aller voir un iceberg. D’autant plus que sa vie quotidienne n’a rien de particulièrement attirant...


(JPG)
Fiona Gordon et Philippe Martz © MK2 distribution

Filmé en longs plans-séquences - d’une composition parfaite - avec une caméra fixe, l’Iceberg se présente presque comme un film à sketches, reliés entre eux par une trame absurde qui va voir Fiona quitter son morne pavillon préfabriqué et sa vie d’une tristesse hilarante, mécanique impersonnelle et trop bien huilée, au grand désespoir de son mari Julien (excellent Dominique Abel). Un voyage dont les étapes devront plus au hasard qu’à sa volonté. Ainsi, pour son départ, elle monte dans un camion frigorifique sur le parking de son fast-food. Celui-ci s’avèrera rempli de sans-papiers, qui seront « triés » à la frontière franco-belge dans une scène surréaliste, où les gens sont enfermés dans des cadres de craies dessinés sur le trottoir...

Entre scénario improbable et comique gestuel, l’humour de l’Iceberg rappelle celui de Jacques Tati. D’ailleurs, tout comme M. Hulot, les personnages, tous à côté de la plaque, sont désarticulés, chacun à sa façon. Cela met d’autant plus en valeur le comique de leurs gesticulations, loin d’être frénétiques : le rythme du film est lent, ce qui ne constitue pas un obstacle au rire. Mieux encore, le pathétique flirte avec le poétique, par la grâce des interprètes, flegmatiques marionnettes aux fils élastiques.


(JPG)
Dominique Abel et Philippe Martz © MK2 Distribution

Les Français aiment se moquer de leurs voisins du Nord, mais ce que l’on sait moins, c’est que les Belges nous le rendent bien. Le passage de Fiona à Barfleur, Basse-Normandie, est une merveille de burlesque, du maire tailleur de crayon au système de communication du village (faire passer les messages par les jambes d’une fillette de onze ans pour ne pas avoir à se déplacer soi-même). C’est ici que Fiona trouvera un bateau - le Titanique - pour pouvoir aller à la rencontre de son iceberg, tout en étant poursuivie par son mari jusqu’au milieu de l’océan... Tout est savoureux dans ce film, jusqu’au générique de fin. À ne rater sous aucun prétexte...

(JPG) Comme dit précédemment, l’humour de l’Iceberg, gestuel, scénique et presque muet, rappelle beaucoup celui de Jacques Tati. Si vous ne connaissez pas ce cinéaste, précipitez-vous vers ses films. En voici quatre en dvd, parmi mes préférés : Playtime, Jour de fête, Mon Oncle, et l’indispensable Les Vacances de Monsieur Hulot. En cherchant sur eBay, vous pourrez également trouver des exemplaires du dvd de Trafic, comédie hilarante sur le brusque changement de mentalité de l’homme quand il change de voiture...

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4 avril 2006 2 04 /04 /avril /2006 23:17

(JPG) de Fabián Bielinsky
2005, Argentine
Avec Ricardo Darin, Dolores Fonzi, Alejandro Awada
Sortie le 29 mars, durée 2h12


El aura est peut-être la meilleure surprise de ce début d’année. De Fabián Bielinsky, réalisateur de l’excellent les Neufs Reines, on pouvait s’attendre à un thriller haletant rempli de fausses pistes, un brillant scénario bavard parsemé de chausse-trappes - genre dont la référence reste Usual Suspects. Dans El aura, le scénario reste brillant, et tout aussi accrocheur : mais les Neufs Reines était réalisé « dans les règles de l’art », alors que El aura brise les cadres habituels du film noir, l’expose, pour paradoxalement en retrouver toute la force.

Ici, le mutisme prime, et d’abord celui du héros, sans nom. Un héros, ou plutôt un anti-héros : taxidermiste, taciturne, solitaire. Et épileptique. Autre particularité : il passe son temps à imaginer des cambriolages dans sa tête. Ils sont parfaits, au demeurant : observateur et possédant une mémoire immédiate phénoménale, il ferait un braqueur idéal. Mais il ne passe jamais à l’acte, plus par peur que par honnêteté.


(JPG)
Ricardo Darin, grandiose © Metropolitan Filmexport

Le tournant de sa vie va être une invitation à la chasse, lancée par un collègue, qu’il refuse dans un premier temps avant de découvrir que sa femme l’a quitté. Il se résout alors à quitter Buenos Aires et à rejoindre la forêt au sud de la ville, qui constituera l’essentiel du décor : El aura est un huis clos dans les bois. Ils ne trouvent pas de place à l’hôtel car, leur explique-t-on, la fermeture prochaine du casino voisin a attiré les foules. L’argent qui s’y trouve va être convoyé dans un transporteur de fonds blindé. L’occasion de mettre ses rêves en pratique... Mais la réalité est plus complexe que les fantasmes.

L’épilepsie joue un double rôle : d’abord comme élément de suspens, le héros ne sachant jamais combien de temps il va rester conscient avant la prochaine crise et le moment de flottement, « atroce et sublime », qui la précède. Mais surtout, cette condition place d’emblée son regard désabusé en décalage par rapport à ceux des autres personnages, comme interrogeant leurs pulsions et leur violence. Des sentiments que Fabián Bielinsky fait ressortir à merveille, grâce à une mise en scène à la fois énergique et mélancolique. El aura unit fable initiatique et thriller bien noir en un mélange équilibré, rare, à ne pas rater...

(JPG) Je ne saurais trop vous conseillez le premier film de Fabián Bielinsky, les Neufs Reines, un film d’arnaque (comme il y en a beaucoup au cinéma) intelligent et aux multiples fausses pistes savamment orchestrées (comme il y en a moins au cinéma, malheureusement...), où vous retrouverez d’ailleurs Ricardo Darin, dans un rôle nettement plus bavard, mais où il est tout aussi bon.

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3 avril 2006 1 03 /04 /avril /2006 23:23

(JPG) de Michele Placido
2005, Italie
Avec Kim Rossi Stuart, Anna Mouglalis, Pierfrancesco Favino
Sorti le 22 mars, durée 2h28


Au milieu des années 70, alors que les Brigades rouges secouent l’Italie, un gang de petits malfrats commet ses premiers méfaits à Rome. Jusqu’à un kidnapping, qui rapporte une rançon copieuse. Deux possibilités s’offrent alors : se séparer et jeter l’argent par les fenêtres, ou le mettre en commun. Et voir les choses en grand. La bande criminelle se lance dans le trafic de drogue, la prostitution, les jeux clandestins, et dans les échanges d’alliances incessants avec les autres pouvoirs en place avec un but : devenir les rois de Rome. Et ils vont y arriver...


(JPG)
Kim Rossi Stuart et Stefano Accorsi © Warner Bros, France

Le scénario du film est tiré d’un livre du même nom, écrit par un juge italien, témoin privilégié des évènements, Giancarlo De Cataldo. Les faits sont réels. Mais Romanzo Criminale est un film de gangster plutôt qu’une reconstitution historique de l’Italie des années de plomb, même si tout les détails sont fignolés. Sur les liens entre la bande, l’Etat et la Mafia, sur les possibles connexions avec les Brigades rouges et le terrorisme d’extrême droite, le film reste dans le flou. Choix qui peut paraître frustrant, Michele Placido a décidé de s’intéresser en priorité aux personnages, trois d’entre eux plus précisément, amis de longue date, encore ados au début du film, dont les surnoms influenceront le destin : le Libanais (Pierfrancesco Favino), grande gueule, autoritaire et solitaire ; Dandy (Claudio Santamaria), joueur et séducteur, un peu lâche, et le mystérieux Freddo (froid en italien, interprété par l’excellent Kim Rossi Stuart), au masque indéchiffrable, sorte de Machiavel hors la loi.

Leur règne est une débauche de sang, de drogues, de femmes. Mention spéciale à Anna Mouglaglis, qui joue Patrizia, compagne du Dandy, qui flirte avec un flic têtu qui poursuit inlassablement le gang. Car sous la réussite se cachent déjà les premiers signes de la déchéance, la meilleure partie du film. Alors que les trahisons pleuvent, la mélancolie sourde qui imprégnait chaque plan explose, aidée par une réalisation soignée : gros plans tenus, mouvements de caméra souvent justes, cadrages maîtrisés. Le scénario est efficace, et les personnages happent le spectateur, qui finit de se faire prendre par le rythme haletant. Romanzo Criminale est une excellente surprise, qui vous fera passer 2h30 sans même que vous vous en rendiez compte...

(JPG) Tout d’abord, je vous conseille la lecture du livre éponyme du juge Giancarlo De Cataldo, passionnant, dont est tiré le film. Celui-ci fait partie d’un genre bien particulier, presque entièrement défini par un chef-d’oeuvre : Il était une fois en Amérique. Même si vous l’avez déjà vu, c’est toujours un plaisir. Sinon, dirigez-vous vers Les Affranchis.

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2 avril 2006 7 02 /04 /avril /2006 19:52

(JPG) de Christian Volckman
2006, France
Avec Robert Dauney, Crystal Shepherd-Cross, Isabelle Van Waes
Sorti le 15 mars, durée 1h35


Avouons-le : Renaissance est un événement, à plus d’un titre. Non seulement c’est un film 3D français, mais en plus ce n’est pas une comédie tout public, et - qui plus est - il est réussi, ce malgré un scénario convenu (seuls deux retournements de situation sont vraiment inattendus), et des personnages un peu trop stéréotypés (le flic solitaire, une vamp...). Tout simplement parce que la réalisation graphique, l’univers présenté et la mise en scène font que le spectateur y croit, ce qui a le don de faire passer les défauts susmentionnés au second plan.


(JPG)
Du clair... © Pathé Distribution

Christian Volckman a imaginé un Paris cousin du Los Angeles de Blade Runner, tout en verticalité, poutrelles et verrières, immeubles néohausmanniens immenses, arches de métal, passerelles... Il a véritablement laissé libre cours à son imagination, allant jusqu’à rendre transparent le parvis de Notre-Dame. Cela aurait pu donner n’importe quoi, mais le réalisateur a choisi de tourner son film dans un noir et blanc tranché façon Sin City de Frank Miller. Le contraste entre le chaos de cette ville labyrinthe et la rigueur visuelle résultant de ce traitement graphique est détonnant.

D’autant que la mise en scène exploite à merveille son décor et sa palette de couleurs, dans l’éclairage des personnages notamment. Même si l’on peut trouver à redire à leur design, qui manque encore un peu de finesse, l’animation par contre est exemplaire. Elle a été réalisée en motion capture, technique qui n’a pas toujours donné d’heureux résultats mais qui ici est exploitée de main de maître. Expressions des visages, mouvements des corps, c’est fluide et crédible.


(JPG)
...à l’obscur © Pathé Distribution

Le thriller futuriste aux enjeux bioéthiques qu’est Renaissance se suit donc avec un enthousiasme croissant. La sombre beauté des images sublime la recherche de la jeune (et brillante) scientifique Ilona Tasuiev, employée de la tentaculaire société Avalon qui de fait contrôle Paris, par Karas, policier rugueux. Une quête qui lui fait rencontrer une faune à l’image de la cité qu’il parcourt, d’un parrain obèse à la sœur de la victime (la vamp susmentionnée), l’amenant à fouiller les secrets d’Avalon même. Plongez avec lui, vous ne regretterez pas le voyage...


(JPG) Cette fois, des conseils qui tirent vers l’animation, forcément. Impossible de ne pas mentionner Wallace et Gromit, la malédiction du Lapin-Garou, qui sort le 12 avril en DVD (et si vous ne connaissez pas les aventures précédentes de ces deux personnages, foncez dessus, elles sont toutes aussi réussies). Dans un registre plus sérieux, où l’animation n’est pas au service d’une histoire a priori destinée aux enfants, je vous conseille les films de Satoshi Kon, japonais de son état : Tokyo Godfathers, inspiré du Fils du désert de John Ford et très drôle, Millenium Actress, étonnant, et dans une moindre mesure Perfect Blue, thriller un peu moins réussi que les deux autres.

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10 mars 2006 5 10 /03 /mars /2006 00:30

(JPG) de Bennet Miller
Titre original Capote
2005, États-Unis
Avec Philip Seymour Hoffman, Catherine Keener, Clifton Collins Jr
Sorti le 8 mars, durée 1h50


Qu’est-ce qui a pu intéresser Truman Capote, écrivain homosexuel originaire du sud des Etats-Unis, dans le le quadruple meurtre de la famille Clutter, fermiers du Kansas, par deux délinquants ? À l’appel de quel démon intérieur cette âme, qui se voulait artiste jusqu’au bout, a-t-elle cédé ? Philip Seymour Hoffman campe à la perfection ce personnage controversé, décrit comme fascinant et terrifiant, intellectuel consumé par un personnage de dandy aux manières précieuses, à la voix curieusement haut perchée, affublée d’un sifflement. Une apparence et des tics de façade qui finalement ne cachent pas le personnage, mais le révèlent.

L’écrivain est saisi pendant les quatre ans de recherche et d’écriture, entre 1959 et 1963, d’un livre qui bouleversera la littérature américaine : De sang froid, premier roman de « non-fiction ». On suit l’homme aux écharpes de marque alors qu’il rencontre puis séduit les frustres habitants de Holcombe, qu’il se confronte et devient ami avec l’un des assassins. Mais le devient-il vraiment ? Ou ne fréquente-il Perry Smith (Clifton Collins Jr) que pour le vampiriser, récupérer son essence pour en nourrir son œuvre ?


(JPG)
Philip Seymour Hoffman, glaçant © Gaumont Columbia Tristar

Truman Capote est un film où le héros inspire certes de la sympathie, par un côté blessé qu’il révèle dans ses attitudes et ses conversations avec Perry. Une impression souvent contredite par les aperçus de sa vie en société, entre abus d’alcool et mots cruellement drôles. Il trouble surtout, par cette froide ambition, ce jeu entre fascination et utilisation qui le poussera, après avoir aidé les condamnés à mort à obtenir des sursis, afin d’entendre toute leur histoire, à désirer leur exécution, pour que la réalité mette fin à un récit qu’il n’assume plus.

Car si Truman déclare à Nelle Harper, amie d’enfance (Catherine Keener, irréprochable comme toujours), qu’il a l’impression que Perry et lui ont comme « grandi dans la même maison, sauf que lui est parti par la porte de derrière, et moi par celle de devant », le spectateur - et Truman lui-même - en vient à se demander qui de l’écrivain ou du criminel est le monstre. Le démon qui a été attiré par le meurtre, qui s’est repu des protaganistes, c’est lui-même. Bennet Miller, pour son premier film, réussit grâce à une mise en scène rigoureuse et austère, un grand interprète principal (et malgré une musique anémique et vaporeuse qui finit par porter sur les nerfs) le portrait d’un homme en proie au doute sur sa nature même. Bien qu’un peu lent par moments, Truman Capote est, comme son sujet, fascinant et terrifiant à la fois.


(JPG) Je vous conseille (plus que fortement) la lecture de De sang froid, le livre autour duquel le film tourne : c’est vraiment aussi bon qu’il le dit dans le film...Sinon, je profite de sa présence dans le casting pour faire une petite plongée dans la carrière d’une actrice que j’aime beaucoup : Catherine Keener. Rarement abonnée aux premiers rôles et aux films à gros budget, elle a tourné dans nombre de très bons films, dont deux comédies à ne pas rater, Ça tourne à Manhattan et Dans la peau de John Malkovitch.

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