de Duncan Tucker
2004, Etats-Unis
Avec Felicity Huffman, Kevin Zegers, Fionnula Flanagan
Sorti le 26 avril, durée 1h43
Une virée en voiture, prétexte à une réconciliation entre un père et son fils : le road movie classique. Sauf qu’ici le père est désormais une femme, Bree (Felicity Huffman), qui vit dans une petite maison en Californie, travaille dans le télémarketing, s’habille très rose, tailleur et chapeau, et qui ne pense qu’à une chose : achever sa transformation. Car Bree a encore un pénis, et l’opération finale, qu’elle attend depuis trois ans, va enfin avoir lieu dans une semaine, à Los Angeles, si elle obtient le certificat nécessaire.
Mais un coup de fil l’informe qu’elle a un fils, en prison à New York. Et que la mère de ce dernier est morte. Bree tente d’ignorer le problème mais sa psychothérapeute la force à s’y confronter : sinon, pas de certificat... Elle libère, en se faisant passer pour une bénévole religieuse (et pour une caution de un dollar), Toby, adulescent rebelle aux penchants gay, qui a pour ambition de se teindre les cheveux en blond pour tourner des films X à L.A. Elle veut s’en débarrasser au plus vite, mais les événements vont en décider autrement.
Transamerica regorge de coups de théâtre, retournements de situation, qui évidemment tournent beaucoup autour de la transsexualité. Mais le film ne devient jamais lourd, ni pesant. Duncan Tucker ne remet pas une fois en question le choix de Bree ex-Stanley, ce qui lui permet même un humour vache terriblement efficace. Qui plus est, les deux acteurs principaux sont éblouissants, particulièrement Felicity Huffman. Elle impose une voix, une silhouette à la fois fine et un peu gauche, suggérant une lutte permanente contre des restes de masculinité dans les attitudes, tout en étant d’une sobriété exemplaire (elle a d’ailleurs reçu le Golden Globe de la meilleure actrice pour ce rôle).
Le film atteint des sommets de drôlerie quand, au pire de leurs errances, sans voiture, sans bagages, le duo fait escale chez les parents de Bree, un couple de Texans bourgeois et normatifs : mère étouffante, père absent, sœur ex-alcoolique... Mais le film ne tourne jamais à la farce, sachant garder un équilibre entre émotion et relâchement, porté par l’optimisme du réalisateur qui promeut une société où enfin l’on accepte les autres sans se sentir agressé, cela sans jamais que le film ne deviennent un dossier sur la transsexualité. Léger, émouvant, soutenu par une bande originale extrêmement bien choisie, Transamerica ne va pas manquer de vous séduire.
Le road movie est un genre souvent visité. Nombre de grands réalisateurs s’y sont frotté, le plus souvent en contournant les canons du genre, donnant naissance à de vrais bijoux. Je ne saurais trop vous conseiller les films suivants : Broken Flowers de Jim Jarmusch, l’indémodable Thelma et Louise de Ridley Scott, et deux chefs-d’œuvre indiscutables, la Ballade Sauvage de Terence Malick, et l’Été de Kikujiro de Takeshi Kitano.